Nous parlions de Chaplin
il y a peu, et il est heureux de voir qu'avec deux personnages tout
à fait différent du cinéma mondial actuel, il
est encore possible de se rendre compte de l'influence incroyable
qu'il a toujours sur l'art pour lequel il a introduit tant et tant
de choses. Ces deux personnages sont Michael Moore, le gras rigolard
producteur de documentaire romancé sur l'état pitoyable
des Etats-Unis, récompensé pour son travail à
l'occasion de Cannes 2002, le film "Bowling for Columbine",
l'autre étant Mike Myers, gai-luron inventeur de deux personnages
fantastiques dans l'imagerie des années 90-2000 : Wayne Campbell,
ado attardé fan de Métal et Austin Powers, espion priapique
et groovy au service de sa majesté. Tout les oppose ? Pas tant
que ça, certes, l'un est au service d'une cause, la sienne
diront ses détracteurs, celle de la dénonciation politique
diront ses fans, et l'autre n'est qu'un trublion, qui s'amuse par
la débilité profonde des addictions et des médiocrité
de ses congénères. Quel rapport avec Chaplin ? Moore
a gardé de lui un goût pour la dérision politique
et Myers se fond dans le moule que Charlie fondu il y a 90 ans lorsque
le burlesque est apparu sur la pellicule.
Cependant, la forme n'est pas la même, on a pu voir il y a quelques
années que "The Big One" était un vrai film
politique. Moore ce place dans le rang de ces cinéastes qui
fondent leur cinéma sur la dénonciation politique et
même polémique. On le sait, Moore a gagné ses
galons de personnage médiatique dans les manifestation anti-mondialisations
de Seattle. Sous une nouvelle lumière, il peut montrer ses
films à un public plus large. Son dernier Opus, "Bowling
for Columbine a été désigné comme le prix
du 55ème festival de Cannes. Plus honorifique qu'autre chose,
il rend surtout hommage à la formidable subjectivité
de son documentaire. Car s'il est conscient des erreurs de son pays
et s'emploie à les combattre, Moore est tout de même
Yankee. Et si son film est d'une formidable pédagogie -les
armes aux Etats-unis sont un fléau, plongeons-nous dans la
contradiction du tout sécuritaire- et fait froid dans le dos,
on ne peut s'empêcher de voir les coutures trop apparente de
l'Agit-prop' un peu manichéenne parfois. Moore emploie les
méthode des Yankee pour les combattre. C'est très efficace
et ça flatte notre mauvaise foi légendaire. Mais si
Moore est reconnu dans le petit monde du cinéma, c'est avant
tout par son talent consommé du montage. Bowling for columbine
est un petit bijou d'orfèvrerie. Mais c'est aussi le talent
de ceux qui maîtrise la subjectivité. Deux temps forts
: le dessin animé incrusté dans le déroulement
du film qui résume les USA, et le résumé du "Pacifisme
américain" sur la musique d'Orange Mécanique".
A la fin on arrive à deux conclusion : l'Europe est à
deux doigts de ressembler à ça, et il ne fait bon vivre
qu'au Canada.
L'autre versant de ce "décalage américain, c'est
Mike Myers, un canadien justement. Inutile de présenter Austin
Powers. Dans son troisième opus sorti il y a peu, Myers offre
un nouveau plan intéressant : à la recrudescence de
la parodie de la parodie, Myers offre un nouveau degré : ce
sont les acteurs non parodiques qui parodient la parodie. Mais on
vous laisse la surprise de voir Spielberg danser sur une musique de
Quincy Jones. Le résultat du débile en boîte délicieusement
assumé, une performance d'acteur à tomber par terre
(4 rôles à lui seul, dont le nouveau, le susnommé
Goldmember, batave érotomane stupide et gobeur de peaux mortes),
une musique plus groovy que jamais et des acteurs vraiment drôle,
la surprenante Béyoncé Knowles en tête, la "Destiny
Child" se fend d'un rôle à la Blaxploitation
qui lui ouvre une vraie carrière.
Pas grand chose d'autre à dire si ce n'est d'aller voir ces
deux film pour vous fendre la pêche. On aurait pu parler également
de Kevin Smith, lui aussi grand représentant de ce "Décalage",
mais impossible de voir "Jay et Silent Bob Strike Back"
son dernier débile opus... Alors s'il vous plait messieurs
les exploitants... Faites votre boulot !