Aliens, le retour : Guerre et conformisme


Suite des aventures de Ripley dans ce DVD qui offre encore des bonus époustouflants : Entretien avec le réalisateur, making-of assez bien fait, mais qui surtout offre le director's cut à Cameron, ce qui porte le film à 2h27 !

On retrouve donc Ripley dans une aventure rigoureusement différente de celle qu'il l'avait opposé à l'Alien dans le premier épisode. Là où il n'y avait que huis-clos et retenue, il y a débauche d'effets et lieux multiples. Les personnages eux aussi sont plus présents... A la personnalité effacé du premier équipage on a préféré dans le second épisode de la Saga de privilégié la franche camaraderie d'un groupe de Starship Troopers. Ce qui implique donc une psychologie plus sommaire mais une présence physique plus lourde. Le responsable de tout cela, James Cameron évidemment, le balourd mais efficace technicien du cinéma hollywoodien des années 80, qui reprend, non sans charme, la bestiole à son compte pour la transposer dans son univers plus "testostéroné", tout en gardant la règle du jeu.

Mais revenons à l'histoire. Si vous observez le titre, vous constaterez que le mot Alien a pris un S, ce qui veut dire que la bestiole s'est reproduite, et qu'ils sont maintenant plusieurs. Mais Ripley dans tout ça ? elle a dérivé 57 ans dans sa capsule et revient dans un monde qui n'est plus le sien. Ce monde, est la triste réplique futuriste des terribles années 80...

Car si le premier Alien faisait le joint entre la période 70-80, le film de Cameron assume absolument son époque (Il est sorti en 1986). D'abord en jouant sur les codes artistiques : alors que les couleurs dans "le huitième passager" étaient très sombre, tout le monde d'Aliens est bleuté, froid, cru. Ripley apparaît d'ailleurs dans les premiers plans du film congelé dans sa capsule, à peine éclairé par une lumière bleutée. Même le personnage de Ripley évolue. Indépendante et maîtresse d'elle-même, sans attaches ni remords autres qu'un pauvre chat dans le premier, on la retrouve maternelle et fragile dans le deux, même si l'indépendance et le côté viril n'est pas gommé. En réalité, il est comme cette icône des eighties incarné par Jenette Goldstein dans le film : le soldat Vasquez : Indépendante, surpuissante, mais tout de même "Femme femme".
Après un procès où personne ne la croit, quant à son aventure sur LV-426 (on sait maintenant le nom de la planète mystérieuse, répertoriée entre-temps), on apprend qu'une colonie vit désormais sur cette "belle" planète. Et qu'un père de famille, dans une scène magistrale de tension, vient de se faire recouvrir le visage par un étrange crustacé. Cut sur les cris d'une gamine. Ripley cauchemarde… Etait-ce un rêve ? Non car très vite, les communications sont coupées avec la planète. Et voilà Sigourney Weaver, prié par un représentant de "La Compagnie" de repartir ver la planète sortie du cerveau dérangé de Giger avec une bande de marines directement sortie du monde du papa de "Terminator".
A ce stade, arrêtons-nous sur les personnages. Car même si elle est minime, aucun film de SF n'oublie sa part de mise en abyme politique. Le VRP de la compagnie, Burke, joué par le détestable Paul Reiser représente le yuppie sans vergogne de l'Amérique de cette époque, prêt à tuer et dépecer pour sa boîte et sa gloriole. Et le génie de Cameron, c'est de montrer, l'air de rien, que se sont les marines qui sont aux ordres de ses gens là ! Pour ce qui est des autres personnages, notons le synthétique Bishop, qui rattrape la profession, vis à vis de son collègue du premier épisode. Bishop joué par le très "Caméronien" Lance Henricksen.
La suite est presque empruntée aux jeux vidéos. Souvent irritant, comme le personnage de la petite fille, Newt, qui remplace inutilement le chat Jonesy et qui à part beugler en gros plan ne fout pas grand chose sauf à ramollir le personnage de Sigourney Weaver. Très claustrophobe, on est captivé par les attaques successives des aliens, dont on ne peut que remarquer la facilité d'adaptation : ils savent couper le courant, ils savent nager… Comment fera-ton pour les battre dans le futur ?
Pas un grand cru. Mais une évolution intéressante