Ce soir dans le cadre
du dossier cinéma, il sera question d'un sujet que nous avions
abordé la semaine précédente à l'occasion
des films de la semaine et le film "Virgin Suicide" de Sofia
Coppola. Mais il est vrai nous avons beaucoup évoqué
depuis l'existence d'une heure cinéma au sein des arêtes
dans la friture, je veux parler bien entendu de ce que nous appellerons
"La Nouvelle Vague Américaine".
Même si elle n'a absolument rien à voir avec la Nouvelle
Vague francophone des années 60, et dont nous subissons les
séquelles encore aujourd'hui, le terme n'est pourtant pas galvaudé.
Il s'agit d'expliquer pourquoi.
Tout d'abord, elle concerne des jeunes réalisateurs indépendants,
qui la plupart ont une histoire particulière avec le cinéma,
ou exerce des fonctions qui en font des fans de cinéma. Tout
en étant des exemples, Parlons par exemple de François
Truffaud, en tant que critique de cinéma, n'était pas
prédestiné à devenir le réalisateur des
400 coups ou du dernier métro. Rare sont les critiques qui
deviennent réalisateur par la suite.
De même, dans l'exemple américain, Gondry ou Jonze tous
les deux clipeurs de Björk ou des Chemicals par exemple n'étaient
pas destiné à la réalisation : ce ne sont pas
les clipeurs qui vont au cinéma d'habitude, mais les cinéastes
qui viennent au clip : ne demandez pas à Mondino, le clipeur
emphatique des années 80 de réaliser un long métrage
il en serait parfaitement incapable (1h30 de vases au ralenti en noir
& blanc granuleux, c'est vite chiant).
Deuxième point commun avec La nouvelle vague française,
c'est leur entente face à l'adversité de la production
: Cavalier (La double vie de Véronique), Truffaud ou Chabrol
(La mariée était en noir) ainsi que Godard (Pierrot
le Fou) se produisait les uns les autres. Ici, que ce soit Kaye (American
History X) Fincher (Se7en) ou les compères Gondry (Human Nature
à paraître en 2001) Jonze (Being John Malkovitch) ou
Coppola fille (Virgin suicide), ils s'entraident pour les productions,
au point d'avoir créer à tous ceux là une boîte
de production.
Troisième point, l'engagement, car même s'il n'est point
du même acabit, les film de la Nouvelle vague était des
pavés intellectuels censés être lancé à
la gueule du bourgeois, les films de la jeunesse là sont cependant
très critique voir parfois carrément au vitriol, tout
en fuyant l'aspect intellectuel abscons, pour revêtir un côté
plus urbain de la culture : Bd, Musique électronique, Jeux
Vidéo, TV, rue
Leur langage, c'est celui de jeunes cinéastes de la génération
des "fils du Viêt-nam" comme Chabrol et compagnie
était les fils de la guerre mondiale, et de la réaction
de dégoût de leur propre culture qui s'en suit : En 68,
la pop-culture faisait son apparition, et à sa manière
Godard s'en emparait en explorant intellectuellement les désirs
de la jeunesse de l'époque. D'une manière très
différente et pourtant avec une motivation similaire, un Fincher
ou un Kaye, dénonce, dans Fight Club et dans American History
X, une spirale de la société américaine à
tendre de plus en plus vers la violence consentie, car en esthétisant
à profusion leurs scènes de violences, ils montrent
le pouvoir de ces images pour mieux en dénoncer l'utilisation.
Leur grande maîtrise de l'objet caméra, ainsi que leur
connaissance de la pop-culture actuelle et passée leur fait
utiliser sciemment les outils choc qui marque les gens qui comme eux
sont abreuvés de cassettes vidéos, de disques ou de
télé et de montrer qu'en Hérault de cette contre
culture, ils ont su faire de leur racine une uvre à part
entière.
Oui, une uvre à part entière, car les canons de
cette culture essaye de vivre depuis longtemps au cinéma, de
façon plus ou moins réussi. Ce n'est pas nouveau qu'on
essaye de rendre compte des avancées technique du clip dans
le cinéma et qu'on se sert de cette culture MTV de la jeunesse.
Cela donne un film comme Beowulf, avec Christophe Lambert, vague sous-Highlander
vitaminé, sur fond de jeux vidéo et de musiques électronique;
Ca donne surtout une belle merde, sans récit, laide comme un
pou et qui n'innove pas puisqu'on se croirait dans un vieux flash
Gordon, le Séduisant Kitsch en moins. Il est difficile de ne
pas se planter avec ces ingrédients et quand c'est réussi,
ça donne Fight Club, véritable manifeste du genre, avec
une musique Hip-hop & grunge des Jungle brother et un générique
de vrai clipeur, 4 mn de tournis. Autre chose, la génération
de ces cinéastes a connu une nouveauté dans leur jeunesse,
c'est le film sur l'adolescence. Un thème récurent qui
revient beaucoup. Tous les héros malgré eux de ces films
sont des ados attardés ou en pleine fleur de l'âge. Comme
le film de Coppola Jr, Virgin Suicide, plein de film de seconde zone
parle du problème de l'adolescence dans le même registre,
avec les mêmes références culturelles a priori
il s'agit de Muriel ou de Bienvenue dans l'âge ingrat par exemple
; de American Beauty dans un autre genre. Mais si Mendes a voulu singer
ce courant, Sofia Coppola s'y inscrit en plein et utilise les codes
de la contre-culture avec maestria, Mendes et les autres y font parfois
lourdement référence, essayent de jouer avec les mêmes
procédés avec plus ou moins de bonheur. Sans que cela
altère par ailleurs leur qualité
Mais on ne peut
pas dire qu'il face partie à part entière.
Quels sont ils ses codes ?
D'abord et avant tout décode subjectifs, la caméra ne
sert plus l'esthétisme pour l'esthétisme, mais influence
directement la rétine pour le contenu de l'histoire. L'autre
c'est une prise de position qui veut que l'image soit par essence
une manipulation, il s'agit donc de manipuler sans arrêt, de
triturer l'image pour être totalement en possession du subconscient
du spectateur. En fait, c'est ce que fait Fincher dans l'excellent
Fight Club : si le film a fait tellement couler d'encre, c'est par
sa soi-disant rhétorique fasciste
Mais c'est justement
en montrant que tout à chacun peut être embrigadé
par l'image, et en le faisant par l'exemple que Fincher dénonce
Ce petit groupe de magicien des images possèdent tellement
la maîtrise de celles-ci qu'ils en savent le danger.
Ainsi, dans ces films, le trucage et les effets spéciaux ne
sont pas là pour montrer leur efficacité. Ils sont incrusté
dans l'histoire et font l'histoire comme le goitre en carton pâte
de John Merrick faisait L'éléphant man de David Lynch.
Voir, par exemple, la scène des Malkovitch, dans le film de
Jonze, "Being John Malkovitch" où chaque protagoniste
à la tête de Malkovitch et parle en "Malkovitch".
Scène lourde de sens, qui va loin dans le questionnement de
"Qu'est-ce qu'un artiste?" et qui n'aurait pas été
possible sans le Morphing, technique nouvelle de l'industrie du FX.
Se servir des nouvelles technologies pour exprimer inexprimable ou
exprimable différemment auparavant ; c'est le credo de cette
bande de squatter du 7ème art.
D'autre part, et l'on revient au parallèle avec la nouvelle
vague française, la troupe à la même relation
avec la branchitude. Dans les années 60, tout ce que faisait
Godard et sa bande de branleur était soit encensé soit
vomi par la presse selon de quelle obédience ils étaient
.
Idem pour les nouveaux là, puisqu'ils ont autant les bonnes
grâce d'une certaine presse (Tecknikart, Positif..) que les
gémonies d'une certaine autre (Les Cahiers, Télérama
).
De même, il y a un buzz sur ces auteurs sans parfois qu'on est
vu l'ampleur de leur talent. Exemple : Heureusement que le film de
Sofia Coppola était bon, car sinon, plusieurs critiques, moi
le premier, un peu d'autocritique ne fait pas de mal aurait eu sincèrement
l'air con. Parce qu'à force de les encenser avant leur sortie
tout ça parce qu'ils sont de la bande Fincher, on en devient
forcément un peu aveugle.
Oui, aveugle, car il faut bien avouer que ces films sont parfois un
peu vide de contenu. Mis à part "Being John Malkovitch"
de JONZE, les films ne se servent pas assez le questionnement de l'image,
dans tous les sens du terme, qu'ils veulent défendre. Et parfois
ils tendent le bâton pour se faire battre, car c'est tellement
facile alors de ne pas les traiter de Clipeurs
Mais après
tout, s'il s'agit de faire des film creux, ce n'est qu'un point commun
de plus avec la Nouvelle Vague