Sept ans de reflexion : Marilyn on top


Lorsqu’on parle de films mythiques, difficile de ne pas citer « 7 ans de réflexion », le chef-d’œuvre de Billy Wilder, l’un des plus grands réalisateurs de tous les temps. Difficile de ne pas le citer car il faut bien avouer que ce film a plusieurs recettes pour rester ancré à tout jamais dans les mémoires.
Tiré d’une pièce de théatre à succès éponyme du Broadway des années 50, « Seven year itch » est le prototype de la comédie new-yorkaise de cette époque et l’une des perles d’un des maîtres du genre, Billy Wilder.
Derrière la légèreté de l’histoire, un homme laisse sa famille à la gare au mois d’août et repart au travail, se jurant de ne pas fauter… jusqu’à ce qu’il rencontre une nouvelle voisine « atomique », se cache, comme toujours chez Wilder une analyse de mœurs et un cynisme d’une rare vigueur. Se moquant en bon européen –Wilder est autrichien, comme Lubitsch- de l’hypocrisie américaine en matière de bon mœurs, Wilder sort ici une comédie au glamour très puissant qui tourne en ridicule le mâle américain. Arthur, le mari volage joué par Tom Ewell, créateur du rôle au théâtre, est un pauvre bonhomme affolé par Marilyn Monroe et qui se raconte des histoires. Très parodique, le film surfe souvent sur la parodie, comme lorsque Arthur s’invente des aventures qu’il « aurait pu avoir » où quand il s’imagine avouer à sa femme un adultère… qu’il n’a pas commis : on peut y voir alors des clins d’œil à « Tant qu’il y aura des hommes » notamment. Tenant beaucoup sur le quiproquo, ce film fait mouche à chaque réplique, et doit beaucoup à l’écriture et à la complicité de la direction d’acteur. Ainsi, on sent un véritable amusement dans certaines scènes, comme celle où Richard, absolument ridicule singe le concertiste aguerri avant de jouer du piano à deux doigts. Dénonçant une société où le sexe est omniprésent mais où la morale le brime, Wilder est plus mordant que jamais. Ironisant dans des scènes comme celle du restaurant végétarien ou les scènes avec la brute épaisse Krahulic (Robert Strauss), Wilder met à mal la société New-Yorkaise. Débutant son film sur un parallèle avec les indiens d’Amérique qui se veut l’exacte réplique de la scène de la gare, Wilder laisse entendre que la légèreté est immuable et que la société n’est bâtie que sur le désir. S’appuyant comme souvent sur Marilyn, dont il fut le réalisateur fétiche, Wilder montre à quel point l’actrice se sentait bien dans la comédie et le burlesque. Tout le monde a certainement en mémoire cette scène du film où la robe de Marilyn se soulève au passage d’un métro. Cette scène, magnifique appelle une anecdote : une partie de la scène a été coupée par la censure de ces idiots de Yankees : Monroe avait improvisé une suite au passage d’un second métro. Toute émoustillée par le second passage elle disait supposant un début d’orgasme « Oh… celui là, c’est un express ! ». Si parfois certains avaient des doutes sur ses talents d’actrice…
Tourné avec brio, ce film est un écrin pour acteur comme Wilder savait les concocter… Et on en redemande !