Premier film d'un
jeune réalisateur apparu sur la scène du cinéma
français il y a maintenant deux ans, Yves Lavandier signe un
premier film attachant qui n'est pas sans rappeler le travail cinématographique
d'un de ses acteurs, le sous-estimé Gérard Jugnot.
Racontant, à travers le récit d'un psy fantasque, les
déboires d'une adolescente en proie à des doutes existentiels,
le film nous plonge assez vite dans son atmosphère qui est
assez enjoué et originale pour ne pas sombrer très vite
dans la bluette. Certes cela parle du malaise connu au moment du passage
à l'âge adulte, mais cela se fait sans pathos, aussi
étonnant que cela puisse être pour un film -français-
qui parle de psychanalyse. On pense d'ailleurs parfois à "Meilleur
espoir féminin", le film de Jugnot, justement, qui m'était
déjà en scène une jeune fille. Le film est d'ailleurs
construit selon le bon vieux schéma, cher à Jugnot,
de la "comédie à l'Italienne", où l'on
pleure autant qu'on rit... Même si souvent on rit plus qu'on
pleure.
Donc, une jeune fille paumée entre une mère alcoolo-dépressive
et un père découcheur connaît ses premiers vrais
transports amoureux, qu'elle n'arrive pas à gérer. Pour
tout dire, si le film ne s'ouvrait pas sur une scène lumineuse,
où le psy vous invite à visiter, face caméra,
son cabinet, le tout orchestré par Jugnot, au style débonnaire
vraiment très efficace, on aurait pu craindre le téléfilm
adapté au cinéma. Mais Lavandier, auteur d'une série
d'étude sur le travail scénaristique sait densifier
son propos. Eglantine, la jeune fille, va donc voir un psy, et le
vrai film peut alors commencer. Tout le film tient sur cette relation
entre le psy et Eglantine, soit entre Jugnot et Emilie Dequenne, la
fantastique actrice de Rosetta. Un duo qui fait plaisir à voir
et qui fonctionne vraiment très bien. Les méthodes du
psy, pas très orthodoxes pour qui connaît la profession
son des prétextes à des mises en scènes de saynètes
drôles ou rafraîchissantes. Le tout, donc, rythmé
par les rencontres entre Jugnot et Dequenne, extrêmement complice,
et qu'on soupçonne d'ailleurs de marcher parfois à l'improvisation.
Sans faux rythme ni apitoiement, ce qui est quand même un bon
point, le film se déroule avec des scènes culminantes
dans le récit -la scène du fast-food- et d'autres sans
génie. Notons tout de même la presence de Cyrille Thouvenin,
qui même s'il passe pour un plat de nouille froide dans la première
partie du film, sauve son cachet dans quelques scènes décisives
dans le rôle du petit ami d'Eglantine.
La première tentative de Lavandier est loin d'être une
plantade. Et si l'on peut regretter certaines choses, comme certains
effets de caméras un peu vains voire apprêtés,
notamment sur Emilie Dequenne, pendant ses crises ou ses révélations
au psy ou la musique violoneuse lors des découvertes intérieures
d'Eglantine. Même si aussi, le film fait parfois un peu spot
pour l'association française des psychanalystes, on passe un
bon moment, surtout grâce aux acteurs
Oui, mais
C'est le principal !