Les Ambitieux : l'Amérique, le cinéma, les femmes


Film majeur de Edward Dmytryk, le réalisateur d' "Ouragan sur le Caine" et de "Walk on the wild side", les Ambitieux est un film agréable comme Hollywood savait les faire dans les années 60. Et surtout un film très intéressant à revoir dans cette période boursière troublée où les grands maîtres du monde à la Messier se prennent de mémorables coups de pieds au cul
En ce qui concerne la réalisation, sachez que Dmytryk n'arien à envier à personne. C'est une mise ne scène fort sage, mais qui ne prête pas à contestation. Le seul regret que le film, sans grande ambition que celle de l'entertainment, peut nous tirer, c'est certainement d'offrir un scénario bien trop plaqué, avec de gigantesques coups de coudes au spectateur pour bien qu'il comprenne de quoi il s'agit. Basé sur le livre éponyme d'Harold Robbins, biographie plus qu'évidente d'un des grands pionniers du capitalisme yankee, Howard Hugues, le film nous immergent bien dans le fantasme du début du vingtième siècle de l'autre côté de l'Atlantique, où tout est possible. Un ancien bandit repenti peut devenir une star de cinéma, une veuve joyeuse peut partir comme modèle en Europe, et le fils de famille peut hériter des entreprises familiales.
Nous sommes dans les années 60, et le profil des personnages est bien campé dans son époque. Le héros, Jonas Cord, est joué par George Peppard, acteur à la mâchoire carrée et un peu rudoyant avec les femmes, qui boit du whisky à même la bouteille et porte des chapeaux mous de travers. Il incarne donc ce clone d'Howard Hugues, producteur américain de cinéma dans les années d'avant-guerre et Pygmalion de Jane Mansfield. Mais avant tout, c'est un ambitieux froid qui ne pense qu'à son profit, qui construit des avions, licencie son futur beau-père, se comporte comme un véritable salaud avec ses proches, imposant une logique de profit jusque dans ses relations intimes.
Quant aux autres personnages, on appréciera le rôle de Alan Ladd (ce fut son dernier film), qui joue un cow-boy du muet, en proie à l'arrivée du parlant. On est là dans la pure mythologie hollywoodienne, de l'acteur muet devenu du vent à cause de l'évolution de l'industrie. Comme si les cannibales pleuraient parfois leurs proies… On notera également la présence de la pin-up Caroll Baker, et d'un sosie raté d'Audrey Hepburn, en la personne Elizabeth Ashley, qui n'a pas eu la carrière de celle qu'elle souhaitait sans doute imiter. Même Kevin Smith, dans Mallrats l'a coupé au montage !
L'axiome du film est basé sur la destiné d'un grand chef d'entreprise, qui mène sa barque sans se soucier des naufragés et se retrouve seul, un jour ivre de mauvais whisky. Dmytryk qui fut un cinéaste blacklisté par le maccarthysme, mais qui n'eu pas le courage de certains autres et qui fit allégeance à l'Amérique puritaine instille, et c'est là la grande réussite du film, une critique larvée, derrière la success story qui devrait se dessiner, une fêlure, un désagréable goût de drame. Mais même si l'on passe un bon moment, on peut regretter que la critique de L'Amérique ne soit pas plus présente, surtout de la part de quelqu'un qui eu des opinions plus marquées.