Shaolin Soccer : JPP, Bruce Lee et les Nuls


Intrigué en début d'année par un reportage de l'Asiatophile Jean Pierre Dionnet sur un OVNI cinématographique du nom de Shaolin Soccer, j'ai poussé le vice, en bon amateur de foot, de cinéma et de cinéma asiatique en particulier (quoique d'habitude, c'est de films plus sérieux dont il s'agit...) de commander cet objet en DVD dans une boutique où la seule raison qui a fait que le vendeur ne pas regardé d'un oeil torve est que c'était une boutique en ligne.

Shaolin Soccer, donc, qui nous fait comprendre un peu l'essor du football asiatique, si tous les moines Shaolin se mettent au foot, pas de doutes, Zidane peut toujours aller se rhabiller, ses passements de jambes légendaires passeront pour des ébats de tétraplégique alcoolique.

Amateur de Kung-fu et autres joyeusetés où l'on voit Jean-Claude Van Damme agiter son petit cul, ce film n'est pas pour vous. Certes, les cascades et les chorégraphies sont "Matrixiennes", mais cela s'arrête à trois problèmes majeurs :

1/ Les héros sont tous sauf des héros, juste de pauvres loosers affublés de pouvoirs shaolin qui ne les ont pas aidé jusqu'à lors : SDF, serveur minable, faux trader au chômage... Hong-Kong est une jungle et les traditionnels moines Shaolin n'y ont pas leur place.

2/ Ce film est d'un mauvais goût patent : l'affront suprême est de se faire mettre un slip sale sur la tête après un match, l'héroîne traditionellement belle et rebelle des film de Kung-Fu (Michelle Yeoh, par exemple) est remplacée par une vilaine patissière affublée d'une répugnante maladie de peau. On hésite parfois avant de rire, on se demande si on a pas à faire à une parodie des Nuls écrite en Cantonais. Ou a un film des frères Farelly qui serait interprété dans la tradition confucianiste (enfin plus confuse qu'autre chose) et dont les influences marquées serait Olive et Tom, X-Or et autres idioties.

3/ Les films de Lee, Li, Yun-Fat et cie, y compris Jackie Chan sont des films d'action, qui même s'il sont emprunt de la culture chinoise, sont dans leur forme très "occidental". Le film de Chow Sing Shi n'est pas de cette facture. Star du cinéma Hong-Kongais des années 80-90 à l'instar de Chow Yun Fat ou de Jackie Chan, Sing Chi a choisi la voie de l'humour. D'abord par ce qu'il était beaucoup moin bon cascadeur (meilleur acteur ? ) et surtout parce qu'il est plus drôle. Problême : l'humour est beaucoup moins universel, même si un slip sur une tête a toujours plus ou moins fait rire tout le monde sauf les critiques des Cahiers du cinéma (de Positif non plus, je pense, mais je préfère Positif). Et même aussi si les amateurs de John Woo reconnaîtront le clin d'oeil à The Killer et ne prendront donc pas ça pour de l'humour... Le film de Chow Sing Shi est donc un film asiatique qui se moque beaucoup de la mainmise culturelle de l'occident (le foot) et de sa passion soudaine pour la philosophie guerrière de Shaolin. Et même si des clins d'oeil sont permis (Matrix) c'est avant tout vers la culture asiatique et ses racines que le film est tourné ; on rate alors plusieurs parodie.

On quitte alors la scéance en se disant, un peu honteux, qu'on vient de regarder l'une des pires conneries de ces trentes dernières années, mais en se disant que les conneries font du bien, parfois.