Le Film dont nous parlerons ce
soir, vous vous en doutez, ou alors c'est que vous n'avez strictement
rien écouté au début de l'émission et
je ne vous félicite pas, il s'agit de l'uvre de Peter
Jackson, dont nous aurons l'occasion de parler, tiré de la
saga de JRR Tolkien, le Seigneur des anneaux.
Voilà un film que nous attendions, au sein de l'équipe
d'Habillé pour l'Hiver, depuis le mois de Mai, lorsqu'un teaser
de 20 minutes avait été projeté lors du festival
de Cannes. Un film que nous attendions, même, pour certains
d'entre nous depuis plus de vingt ans, mais je suis sur que c'est
le cas aussi pour beaucoup des auditeurs. Pour tous ceux là,
cette chronique est absolument superfétatoire, puisque ce sont
ceux qui depuis mercredi, ce sont rués dans les salles obscures
pour déguster avec délectation les images hallucinantes
du fou furieux néo-zélandais. Tout bruissait autour
de ce film, des histoires d'île déserte, de construction
anticipée
Je ne reviendrai pas dessus : oui, le village
des Hobbits a été construit sur une île il y a
trois ans et on a laissé faire la nature : Oui, les paysages
naturels sont des écrins de la Nouvelle Zélande qui
font penser aux chaînes de montagne de la terre du milieu
Mais à la limite, nous n'en n'aurions rien à foutre
si le résultat n'avait été qu'un collectage kitsch
des différentes périodes de la communauté de
l'anneau : La Moria, le pays d'Helrond, la forêt de Galadriel
L'important, c'était que le souffle épique qui inondait
le livre de Tolkien nimbe également les images de Jackson.
Le mieux qu'il nous est donné
de dire, c'est que le film est parfaitement réussi de ce point
de vue : Jackson est un intégriste de la terre du milieu, et
il a voulu en faire un rendu quasi autiste. On aurait pu avoir peur
de que le rendu quasi mécanique de la saga aurait pu faire
perdre de la force au film, mais Jackson a su faire la part des choses,
et même dans une longue peinture de 3 heures, il arrive à
ne garder que l'essentiel, privilégiant l'aventure au développement
intellectuel de Frodon, ce qui bien sur, permet de rajouter à
l'épique. Comme je l'ai déjà dit, nous attendions
avec impatience ce film, et nous étions déjà
un peu conquis à l'avance.
D'abord, parce que Peter Jackson
avait su nous faire plaisir avec ses films foutraques, où l'on
pouvait déjà voir en lui, l'architecte, l'artisan d'une
uvre personnel. Bien sur, grâce à ses film gore
délirants, notamment Bad Taste, et sa fabuleuse scène
de dégustation de cervelle, où Meets the Feebles, un
film délirant et inquiétant, où Jackson nous
montrait une troupe de marionnettes handicapées et monstrueuses,
qui faisait peur à tous les enfants, et que Jackson avait monté
en rachetant les stocks de marionnettes ratées de Jim Henson,
le créateur de Kermit la grenouille.
Plus récemment, on avait pu le découvrir cinéphiles,
de vrais petits bijoux, d'abord Heavenly Creatures, où il racontait
un fait divers adolescent et sanguinolent avec beaucoup de verve,
mais aussi un vrai-faux documentaire -dont j'ai perdu le nom- sur
un réalisateur néo-zélandais muet qui en fait
n'existait pas
Et enfin, le seigneur des anneaux, son rêve de gosse. Et à
force de se dire qu'il n'y avait pas de raison que ce néo-zélandais
trahisse l'uvre de Tolkien, je n'ai pas pu m'empêcher
de voir les deux trois défauts qui n'arrivent même pas
à ternir le film. D'abord, la musique, une vieille saloperies
composé par Enya, à base de fausse musique celtique
à deux francs pompé au Titanic, mixé avec une
flûte de pan suicidaire à la Georghe Zamfir.
Le gros reproche cinématographique, c'est le manque de recul
-au sens géographique du terme- que prend Jackson dans le rendu
des combats
Trop épaule, trop près des corps et
des poings, il veut rendre la boucherie des combats contre les orques
mais en perd sensiblement en spectaculaire. Peut être pour le
prochain, faudrait lui conseiller, au vu de leur importance future,
de plus coordonner ces combats. Mais il suffit de voir le grand combat
inaugural contre Sauron pour espérer qu'il mettra cela en uvre
pour les " deux tours ", le prochain opuscule.
Et puis bien sur, sur une
telle saga, certaines scènes sont décevante, la seul
qui prête à débat, c'est la rencontre entre Frodon
et Galadriel, qui ne montre pas suffisamment le côté
ambivalent de la blanche elfe, le feu dans la glace. Mais peut être
aussi Jackson n'a pas voulu développer trop loin ce personnage
dont Lucas s'était considérablement inspiré pour
son Star Wars. C'est vrai que certaines zones d'ombres sont peut être
trop sombre pour ceux qui, comme nous, ne sont pas empli de l'uvre
de la terre du milieu. Ceux là seraient un peu chien de ne
voir que ces taches d'ombre, peu digne du Mordor, tant on ne s'ennuie
pas. En effet, trois heures pourrait rebuter certains. Que ceux là
se rassurent, on ne sent pas du tout le mauvais rembourrage des salles
de cinéma de l'agglomération, alors qu'on le sent bien
après une demi heure d'un film français avec Matthieu
Amalric en règle général.
On va en parler bien sur pendant toute l'émission, mais on
peut aussi dire que Jackson a eu une riche idée en ne prenant
que des acteurs méconnus pour faire les différents rôles
des héros de l'anneau
Pas d'identification possible,
casting plus en rapport avec la description livresque, et choix plus
que fin d'acteurs qu'on va -à mon avis- voir plus souvent.
Ce qui m'amène à parler de la plus connue des actrices
du film, la belle Arwen, jouée par Liv Tyler, qui anime la
plus belle des scènes, avec cette poursuite à Cheval
qui se termine
Mais je n'en dit pas plus, par un fabuleux sortilège
elfique. Les elfes qui sont les préférés - et
comme on le comprend - du réalisateur, qui met un soin tout
particulier à nous les montrer comme étant quasi divins.
Mais ça, je vous laisserai le découvrir dans le débat.