The Yards de James Gray

James Gray est un réalisateur surdoué. A peine plus de 30 ans, et déjà deux films extrêmement mature à son compteur : Little Odessa, son premier film qui décrivait les affres de la Mafia dans le quartier Russe de Brooklyn, et qui avait créé un petite sensation dans les festivals en 1994, allant même jusqu'à obtenir le prix au renommé festival de Sundance. Son deuxième film est donc The Yards le film qui nous concerne. Peut être faut il d'abord expliquer l'atmosphère de ce jeune New Yorkais méconnu mais qui mériterait plus de renommée. Ses films parlent de pègre, et plus particulièrement de la pègre comme pourrait le faire un réalisateur comme Scorcese ou Mickaël Mann, ou même, référence ultime, Sydney Lumet ( les coulisses du pouvoir). C'est à dire qu'il esthétise au maximum le polar qu'il nous conte. En l'occurrence, il nous raconte l'histoire de la General electric Railway, dirigé par le fantastique James Caan.

D'ailleurs sa réalisation n'a rien à envier à personne, tant ses plans américains très serrés sur le visage des protagonistes, à l'image de ce que faisait Michael Mann dans l'excellent Révélations dont nous avions dit tant de bien la saison dernière, nous sonnent l'impression de vivre le tourment des personnages. D'ailleurs, même si l'histoire est différente, le sujet est peu ou prou le même que Révélation, puisqu'il raconte l'histoire d'un homme seul face à son camp, en butte à révéler la vérité (ou tout simplement à sauver sa peau) sur le phénomène de la corruption.

Sil le film de Mann, plus tourné vers le procès des fabricants de tabac, et dénonçait clairement les rouages, Gray se tourne plus vers une histoire de famille, ou nous sommes invités permanents, comme si nous tenions la caméra. Le procédé n'est pas le même, mais le résultat est identique : même s'il est moins documenté, la démonstration est patente que la corruption de fonctionnaires pour les obtentions de marchés publics est intimement lié à la Mafia.

Et pour cela, comme je le disais tout à l'heure, il va nous faire rentrer intimement dans le clan, qui arrose à tout va les dirigeants métros et train de Big Apple, notamment pour gagner les marchés des "minorités", détenu par un latino qui utilise par ailleurs le même méthode, en se croyant tout comme l'autre plus finaud. Pour cela, Franck, joué par le fantastique Caan, je ne me lasserai pas de le dire, utilise des hommes de main. L'un d'eux, Willie, joué par un Joaquin Phoenix branleur à souhait et introduit dans la famille par la belle fille de Caan, Erica, la belle Charlize Theron. C'est elle qui va être le catalyseur du drame qui sourd devant nos yeux. Le cousin d'Erica, Léo, joué par un Mark Whalberg tout en retenue, sort de taule. Et son meilleur pote, Willie, grâce à qui il s'est déjà retrouvé en prison pour une banale histoire de vol de voiture va tenter de l'emmener dans les combines de son oncle. Argent facile à l'appui, ce qui nous offre une des plus belles scènes de discothèque du cinéma.

Bien sur Léo va accepter. Et c'est là que les ennuis commencent, et qui vont prouver que même les mafieux les plus aguerris peuvent tomber de très haut. Polar très tenu, il étonne par sa rigueur mais également la subjectivité de la photo, tenu par Harris Savides, et qui offre des tons tabac très chauds et très cosy lorsque le clan est réuni chez la mère de Léo, joué par la toujours belle Faye Dunaway. A l'inverse, les scènes d'action sont toujours dans des couleurs très froides, et les portraits continuels dû aux plans serrés sont solaires au sens ou la lumière arrive à tourner au rythme de la caméra.

On ne vous en dira pas plus de l'intrigue retorse ou des mouvements assurés de caméra sans vous dire que les sacteurs sont à l'avenant avec une mention spéciale, vous l'aurez compris, au grand James Caan, qui est avec Bob De Niro, l'un des acteurs les plus crédibles dans les rôles de mafieux.
.