Jour(s) de fête...

 

Chers auditeurs, nous voici depuis quelques jours entrés dans cette période de l'année que bons nombre d'entre nous, et moi la première, exècre au plus haut point : celle des fêtes de fin d'année et des vœux. Ces rituels sociaux, bien ancrés dans nos mentalités depuis qu'un jeune et facétieux Palestinien s'est pris pour Sylvain Mirouf dans les années 30 après lui-même, ont le don de m'agacer à un point qu'il est difficile d'imaginer. Nan, j'aime pas Noël, j'aime pas le jour de l'an et, pire que tout, je déteste, je conchie, je vomis la galette des rois. Y'a rien à faire, j'aime pas la pâte feuilletée. En plus, ça colle au palais et ça laisse des trucs dégueulasses coincés entre les dents.

J'aime pas les fêtes, parce qu'on doit subir un flot de mièvrerie télévisuelle que même mon cerveau malade ne peut supporter ; il arrive en effet un moment où ma capacité à tout prendre au douzième degré atteint ses limites… et ce moment, c'est pendant les fêtes, les Holidays comme disent nos je ne sais quoi d'Outre-Atlantique, expression qui ne connaît aucun équivalent en langue française et qui est par conséquent toujours fort mal traduite dans les sitcoms par le mot "vacances". C'est pourtant pas compliqué, les Américains ne comprenant que le premier degré, il suffit de traduire littéralement l'expression pour en obtenir la signification. Cela dit, "Jours Saints", ça sonne pas très bien... Mais je ne suis pas là pour vous faire une leçon de linguistique ou de sémantique, laissons cette tâche rébarbative à Geneviève dont c'est le métier…

Les fêtes de fin d'année m'énervent parce que, outre donc la pauvreté intellectuelle des divertissements qui nous sont proposés (énième diffusion du crétin Miracle sur la 42ème rue ou des barbants films de capes et d'épées avec le fringant Jean Marais dans le rôle du beau mâle héroïque), c'est la période de l'année où on doit se pastiller toute la petite famille qu'on n'a pas forcément envie de voir, du représentant non-officiel mais plus vrai que nature des Deschiens au sosie de Jean-Claude Dusse, en passant par les chiantissimes cousins auxquels il faut montrer comment on fait pour fabriquer une voiture en Légo ou avec qui il faut se tartiner 90 minutes de dessins animés ineptes sinon ils courent partout en criant et en se tapant dessus. Dieu merci, les miens ont maintenant enfin passé l'âge de ce genre de plaisanterie, mais j'ai connu des Noëls plus douloureux que celui-là…

J'aime pas les fêtes de fin d'année parce qu'on mange, on mange et on mange encore. Cette année, j'ai décidé de faire une croix sur l'activité "boisson", ce qui m'a fait gagner un nombre incroyable d'heures de sommeil perdues penchée sur mes toilettes. Cela dit, n'ayant pas résisté bien longtemps à l'activité canapés - petits fours - chocolats, on ne peut pas dire que mes nuits ont été de tout repos. Je m'en remets encore à peine aujourd'hui d'ailleurs.

J'aime pas les fêtes de fin d'année parce qu'il y a les cadeaux. C'est pas d'en faire qui me pose problème, au contraire, j'aime plutôt ça et mes mois de décembre sont en général plutôt difficiles. Non, le plus dur, c'est de les recevoir… Y'a des moments, on aurait préféré recevoir une quinzième boîte de chocolat plutôt que certains objets pseudo-décoratifs, qu'on va vite fait remiser par-devers soi, parce que bon… je ne veux pas faire fuir les gens qui d'habitude viennent chez moi pour un vulgaire cadre pourri accroché au mur…

J'aime pas les fêtes de fin d'année parce qu'il faut faire boujou à tout le monde, et ce à plusieurs reprises : quand on arrive, pour dire bonjour, quand on reçoit un cadeau, pour dire merci, quand on donne un cadeau, pour se faire remercier, et quand on dit au revoir et merci, parce que c'est plus poli. Une telle promiscuité me donne des boutons, rien que d'imaginer ce mélange de particules de salives, imprégnées de bactéries diverses et variées et de la fraîche odeur de l'apéro mélangé au rouge, collé sur mes joues… beurk !!!!

J'aime pas les fêtes de fin d'année, et en particulier le réveillon du nouvel an parce que ce jour-là , qu'on le veuille ou non, on est obligé de faire la fête. Ca m'énerve, moi, qu'on me dise à l'avance que pendant toute ma vie je devrais faire la fête ce jour-là. C'est pas comme un anniversaire, on ne peut pas déroger à la date et se dire que c'est pas grave, qu'on le fera le 29 ou le 4 parce que ça arrange tout le monde, le réveillon du nouvel an c'est obligatoirement le 31 décembre et pas un autre jour ! Et si tu fais rien, on te prend pour un débile ou on te plaint parce que tu ne dois pas avoir d'amis alors on t'invite par solidarité, pour pas que tu sois tout seul. Et, pire, non seulement il faut fêter la nouvelle année, mais en plus il faut encore une fois sacrifier à la tradition des bécots éthyliques !

J'aime pas les fêtes de fin d'année parce qu'après le réveillon dont on ne se remet jamais avant trois jours - prenons par exemple cette année, j'ai tout de même failli décéder de froid à cause de ces enfoirés des Taxis blancs qui ne sont jamais venus nous chercher alors que ça faisait plus d'1/2 heure qu'on poireautait dans le brouillard givrant et la nuit glaciale ! J'aime pas les fêtes de fin d'année donc parce qu'après un réveillon chaque année quasi-apocalyptique, il faut envoyer des cartes de vœux. Et les cartes de vœux ont ce double inconvénient d'être à la fois chères et moches. C'en est à se demander des fois si les éditeurs de cartes de vœux ne font pas un concours de laideur et de niaiserie, à l'image du concours de cartes postales moches auquel je participe depuis quelques années avec ma copine Flore, qui vient d'ailleurs de se casser le poignet mais ça n'a rien à voir avec le concours précédemment cité.

Personnellement, j'ai trouvé la solution, je les fais moi-même. Comme ça, même si ça ne plaît pas, le côté "fait-main" - "fait-Microsoft" devrais-je dire - touche le destinataire, qui du coup est, il me semble, beaucoup plus indulgent en ce qui concerne l'esthétique de cet inutile objet rituel de début d'année. Et pour mes amis les plus modernes, j'utilise sans modération les nouvelles technologies, qui présentent le double avantage de proposer des produits totalement gratuits et ayant bien meilleure allure que ceux qu'on fait soi-même. Et si ça ne plaît pas, c'est pas grave, le destinataire se dit que c'est la faute à l'informatique…

Pour les retardataires, voici quelques adresses sympathiques, utilisables toute l'année :
123 Greetings : http://www.123greetings.com
Virtual hugs and kisses : http://www.hugkiss.com
E-cards : http://www.e-cards.com
Et un site en français - les cartes Mont Bleu : http://www.montbleu.com/index.html