"La première
fois qu'Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement
laide". Il est des incipit dont dont se souvient toujours,
et celui d'Aurélien, à l'instar de la Recherche du
temps perdu de Proust, en fait partie. Tout est dit dans cette
première phrase ; et rien qui puisse gâcher le plaisir
de ces 697 pages de pur bonheur n'est dit non plus...
Aurélien,
c'est L'Histoire d'amour avec un L et un H majuscules.
Attention, c'est pas du Barbara Cartland, ce n'est pas niaiseux, ce
n'est pas mièvre. C'est juste beau et triste à la fois.
L'histoire commence
après la guerre de 14. Aurélien a la trentaine oisive
et rencontre au cours d'un dîner la cousine de l'un de ses amis,
Bérénice. Dès lors, la vie de cet homme brisé
par la guerre et devenu insouciant par la force de choses, va basculer.
Bérénice, jeune femme de province mariée trop
jeune à un pharmacien infirme va transformer sa vie, pour ne
plus devenir qu'une obsession, un rendez-vous manqué avec le
bonheur, avec la vie en fin de compte.
Ils se retrouveront
par hasard, vingt ans plus tard, dans une France dévastée
par la débâcle de 1940... mais pour peu de temps.
Aurélien
est une histoire magnifique, écrite avec grand talent. Les
sentiments sont dépeints avec force et émotion, et la
description du Paris de la bourgeoisie oisive des années 20
est extraordinaire de détails et de réalisme. La plume
d'Aragon est dans ce roman absolument magistrale et sert avec brio
une histoire puissante et émouvante.