Vous avez plus de
25 ans, vous êtes célibataire de manière plus
ou moins volontaire et en avez marre de ces cons casés qui
vous engluent de leur bonheur gluant, poisseux et moralisant ? Ce
livre est pour vous ! Loin d'être une série de clichés
affligeants et sexistes sur les femmes seules, Le Journal de Bridget
Jones est drôle, percutant et vachement rassurant quand même
! On n'est pas seule ! Y'a pas que nous qui nous trompons systématiquement
de chemin et qui devons subir l'éternel "Elle s'est perdue
!" agrémenté
d'un point d'exclamation signifiant "toujours à côté
de la plaque, elle trouvera pas un mec comme ça !"
Non, on n'est pas seule car Bridget Jones est comme nous, en pire.
Alcoolique invétérée, fumeuse proche de l'asphyxie
et complexée à mort. Ajoutés à cela une
mère quelque peu envahissante, un père complètement
largué et un enfoiré de patron dragueur. Bref de quoi
nous la rendre sympathique.
Vous l'aurez compris, ce livre est le récit d'une quête.
Bridget Jones cherche le graal, un homme avec qui vivre une histoire
d'amour qui ne tourne pas au fourrage de la dinde ou au monologue
avec un répondeur. Mais c'est également une quête
initiatique : elle se cherche elle-même, ou plutôt à
s'accepter comme elle est. Une sorte d'adultération en quelque
sorte dont l'épreuve vise à quitter une bonne fois pour
toutes les oripeaux narcissiques des complexes adolescents pour s'assumer
et découvrir les autres. Ca sonne peut-être comme moralisateur,
mais d'expérience je peux vous dire que ce n'est pas une entreprise
facile. Et c'est en cela que le livre d'Helen Fielding nous aide :
il se livre à une véritable chasse de tous les petits
subterfuges derrière lesquels on dissimule notre peur d'être
pleinement des adultes. Et c'est ce qui fait de ce livre non pas un
simple gadget à la mode mais une véritable étude
de murs.
Bien sûr, il y a d'autres aspects qui rendent aussi ce livre
passionnant. La part omniprésente de l'amitié par exemple
ou encore le véritable tableau de la société
de la fin du XXème siècle que nous présente ce
récit. A tout ceci s'ajoute de surcroît une écriture
extrêmement nerveuse et dynamique qui vous empêche de
vouloir poser ce livre.
Pour ceux qui ont vu le film sans avoir lu le livre, ne vous inquiétez
pas. Les adaptateurs ont tellement perverti et aplati l'intrigue et
l'étude des caractères que le livre sera pour vous une
véritable découverte ou plutôt une redécouverte
de ce qu'est réellement Bridget Jones.
Helen Fielding, Le
Journal de Bridget Jones, ed. "J'ai lu", 38f.
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