Non, amis internaute,
tu ne rêves pas, il est bien question de Jean-Paul Sartre sur
cette page ! Honni par Franpi, exécré de Geneviève,
le pauvre Jean-Paul n'a pas droit de cité sur l'antenne d'HDR.
Alors moi, DJette Klarabel, j'ai décidé de lutter et
de remédier à cette injustice en vous bafouillant deux
ou trois mots sur le brave Jean-Paul.
A priori, je n'aime
pas Jean-Paul Sartre. Ses prises de positions catégoriques
et souvent contradictoires, en tout cas toujours dans le sens d'un
vent qui lui est le moins défavorable possible, en font un
être relativement méprisable. J'aime la constance dans
les idées, pas le syndrôme de la girouette, dont Sartre
est la parfaite personnification. Alors quoi ? Que fait-il donc ici
que diable ?
Il se trouve que derrière
ce personnage à la limite de la médiocrité éthique,
se cache un écrivain qu'on ne peut décemment pas taxer
d'incapable, et qui parfois, au détour d'improbables traits
de génies, vous pond des trucs incroyables. Et Huis Clos
en est, de ces fameux "trucs" !
Ca peut paraître
repoussant, de prime abord, de s'enfiler la lecture d'une pièce
de théâtre. Certes. Mais celle-là se lit vite
et bien, et son contenu est assez intéressant. Vous connaissez
tous l'expression "L'enfer, c'est les autres" ? Savez-vous
qu'elle est issue de cette pièce ?
Deux femmes, Inès
et Estelle, un homme, Garcin. Tous trois se trouvent mis ensemble
dans une pièce sans âme. Très vite les personnages
aprennent à se connaître et à s'apprécier
; Estelle aime Garcin, qui aime Inès, qui aime Estelle. La
boucle est bouclée, pas leur avenir. Ils sont morts, et devront
rester ensemble pour l'éternité. Pas facile quand les
sentiments sont si forts, qu'ils vont de l'amour à la haine,
une haine si profonde qu'elle poussera Estelle au crime. Mais à
quoi sert un crime quand on est déjà mort ?
Sartre rejette dans
cette pièce les images classiques que l'on se fait de l'Enfer,
pour en exprimer sa vision à travers cette désormais
célèbre réplique de Garcin : "Ha ! vous
n'êtes que deux ? Je vous croyais plus nombreuses. Alors c'est
ça l'enfer. Je n'aurais jamais cru... Vous vous rappelez :
le soufre, le bûcher, le gril... Ah ! quelle plaisanterie. Pas
besoin de gril : l'enfer, c'est les Autres." (Scène
5).
Même si cette
conclusion est par bien des points contestable, l'ensemble est d'une
formidable cohérence et fait franchement froid dans le dos.
Et même si l'on n'adhère pas au point de vue de l'auteur,
cette oeuvre a le mérite de soulever bien des questions et
d'amener son spectateur ou son lecteur à la réflexion
quant à l'amour, à la mort, à autrui, au sens
de la vie quoi !