Sarah Vaughan
Mon regard détaillait fébrilement
tout les points de son visage, trahissant ma nervosité et mon
désirs de graver chaque détail de ce moment dans ma
mémoire, alors que ma mains droite, doucement et sûre
d'elle, caressaient la peau d'ambre claire de sa joue. Bien que plus
claire que la majeure partie des membres de sa communauté,
elle n'aurait jamais pu traverser mon quartier sans ce faire arrêter
par la police. Elle ressemblait un peu à Sarah Vaughan, jeune.
Après s'être noyé dans son regard, mes yeux se
fixèrent sur sa bouche. Ma mains droite descendit le long de
son cou, tandis que ma mains gauche lui caressait le bras. Elle semblait
vouloir s'abandonner à mon désirs, car nous nous aimions
en dépit des obstacles que cette société s'ingéniait
à placer entre nous. Ma mains droite se fit légère
au moment d'effleurer ses seins tendus d'excitation. Comme pour éviter
que mon empressement précipite trop rapidement ce moment dans
les limbes de notre passé commun, elle se rapprocha encore
un peu plus de moi afin que mes caresses parcourent des endroits moins
érogènes de son corps. Je décidais de lui caresser
les cheveux qu'elle avait fait défriser ; pratique courante
dans sa communauté qui n'avait pas encore compris que : "black
is beautiful". Nos lèvres se rapprochèrent l'une
de l'autre lentement. Très lentement, afin de savourer ce moment.
Nos lèvres se touchèrent enfin dans une explosions d'émotions
et de souvenirs.
When
Sunny Gets Blue (plage 2) / 3'58
Je m'appelle Sonny. J'ai 16 ans
et depuis ma naissance je vis à Newark, New Jersey, à
quelques encablure de New York. Mon père est un musicien qui
eut du succès dans les années 30 dans les big bands
de blancs. Il joue du saxophone. Il prit sa retraite au environ de
la quarantaine après avoir entendu Charlie Parker jouer. Il
annoça sa décision à ma mère en plagiant
un philosophe européen - Cioran : "A quoi bon que je fréquente
les salles de concerts à vaguement jouer de mon instrument,
si le saxophone de Charlie Parker à lui tout seul peut faire
entrevoir un autre monde à l'humanité entière".
Ils vinrent s'installer à Newark grâce au petit pécule
qu'il avait amassé.
Newark est comme toute les villes américaines : un centre ville
pauvre où s'entassent les minorités... en particulier
la communautés noire, et une banlieue plus ou moins bourgeoise
et à majorité blanche. On ne se mélange pas.
Le racisme existe aussi à Newark... mais il est moins spectaculaire
que dans le sud profond bien que tout aussi insidieux et délétère
; ici nul besoin de croix enflammé et de procession de d'odieux
raciste dans des costumes d'opérette. Nul besoin de révoltant
lynchage hebdomadaire. Non, mais une exclusion quotidienne des beaux
quartiers, des bons boulots. Des écoles pour noirs et des écoles
pour blancs. Des bus divisé en deux : l'avant pour les blancs,
l'arrière pour les noirs. Des restaurants et des clubs pour
noirs et d'autres pour blancs. Moi j'ai toujours vécu à
la limite entre un quartier noir et un quartier blanc. Ceci explique
peut-être mon intérêt pour ceux de l'autre côté
de la rue et plus particulièrement pour Lola.
They
can't take that away from me (plage 3) / 2'44
Je l'avais rencontrer quelques
semaines plus tôt. Je revenais de New York, où j'avais
acheté le dernier disque de Sarah Vaughan. J'avais tout ces
disques depuis son premier Sarah Vaughan sorti en 1944...10 plus tard
elle était aussi connue que Billie Holiday ou qu'Ella Fitzgerald
devant laquelle elle chanta et gagna le premier prix d'un concours
à l'Appolo Theatre. C'est ainsi qu'elle commença sa
carrière, car peu de temps après elle fut engagé
pour chanter dans le groupe du pianiste Earl Hines, puis dans celui
du crooner Billy Eckstine dans lequel jouait Charlie Parker et Dizzy
Gillespie. Elle en fut influencée, car ce fut certainement
la première chanteuse à intégrer complètement
le phrasé bebop dans sa façon de chanter.
Je revenais donc de New York. Il était tard et je me dépêchais.
Soudain d'une ruelle sombre j'entendis les bruits d'une course. Plusieurs
personne couraient là-dedans. Je m'arrêtais et prêtais
l'oreille. La course s'arrêta. Des rires sarcastiques crevèrent
une fois de plus le silence. Puis des "nons" plaintifs et
effrayés. Je m'approchais silencieusement pour voir. Dans la
pâle lumière lunaire et d'un unique réverbère
défectueux je vis trois hommes blancs dont les yeux brillaient
de désirs répugnants et d'idiotie abyssales s'approcher
de jeune fille noire, belle et apeurée. Elle me vit arriver,
et silencieusement ses yeux cherchèrent mon soutien. Lentement
je posais mon disque et attrapais une barre de métal sur laquelle
se reflétait le peu de lumière des lieux. Malgré
sa peur, elle les tenait encore en respect afin de les distraire.
Je m'approchais encore un peu et mon coup parti, silencieux comme
la mort. Je frappais le premier au niveau de la nuque. Il s'écroula
inconscient avant d'avoir compris ce qui lui arrivait. Les deux autres
se retournèrent. Pour l'un juste à temps pour voir ma
barre s'abattre sur son visage. Il tomba à terre en gémissant.
Le troisième fit un pas en arrière mais ne pu éviter
le coup entre les jambes pour lui apprendre les bonnes manières.
Je voulais que tous se rappelle de ce moment. Je pris la jeune fille
par la mains et l'entraîna en dehors de la ruelle après
avoir ramassé mon disque.
Doodlin'
(plage 1) / 4'37
Je l'a raccompagnais chez elle.
J'appris pendant le trajet qu'elle se nommait Lola et qu'elle voulait
faire carrière comme danseuse à Broadway. Elle était
belle. Elle se déplaçait avec une légèreté
toute féline. Malgré ses vêtements on ressentait
l'élasticité de son corps souple et ferme de jeune danseuse.
Je la détaillait en espérant qu'elle ne s'aperçoive
pas du trouble qu'elle faisait naître en moi.
Cent fois elle me remercia d'avoir pris sa défense. Cent fois
elle s'excusa d'être passé par un quartier de blancs
pour rentrer chez elle et cent fois je lui expliquais qu'elle n'avait
pas à s'excuser. Qu'elle ne devait pas culpabiliser car s'était
elle la victime d'hommes blancs aussi odieux qu'imbéciles.
Elle ne consenti pas que je la raccompagne jusqu'à sa porte,
bien que nous habitions non loin l'un de l'autre,de peur que sur le
retour je me fasse agresser. Je la quittait donc après avoir
pris la décision de se revoir. Je rentrais chez moi fier et
heureux comme un roi.
It's
De-Lovely (plage 5) / (2'47)
Nous nous revîmes bientôt.
Je vins chez elle secrètement tous les soir, car il était
exclu que mes parents souffre de la politique d'autarcie que leurs
amis et nos voisins leur auraient infligé en apprenant mon
flirt avec une jeune noire. Pourtant je sais qu'ils m'auraient soutenu.
Mais ma mère aurait souffert du mépris... je la connais
bien.
De son côté, je fus adopté par la majeure partie
de sa famille et de ses amis. Cependant pour certains notre romance
était comme un injure. Je ne leur en voulais pas. Comment en
vouloir à ceux qui subissent quotidiennement l'exclusion, la
haine, l'humiliation et la violence des miens. Et ils m'acceptaient
contraint et forcé car nous avions l'assentiments du père
et de la mère de Lola.
Nous parcourions les rues et nous allions de boite de jazz en boite
de jazz. Les passant étaient étonnés et incrédules
de voir une jeune noire des bas quartier au bras d'un jeune blanc
huppé.
Je sais que notre amour va continuer de vivre malgré le monde
décadent et pourrissant contre nous. Je le sais car les chose
sont ainsi dans les histoire qui finissent bien dont sont si friands
les américains.
What ever Lola wants (plage 18) / (2'37)