Episode 3 : Le rêve de Huey

Take Five - Charlie Parker (plage 1 - 2'56'')

J'avais donc réussi à mettre en place la Clinique de la musique noir - une école de musique afro-américaine - après quelques problèmes sérieux : la fraction la plus raciste et la plus réactionnaire de la ville s'était ligué contre moi. J'avais du renoncer à la construire en centre ville. Je m'étais réfugié dans les quartier noir. Caroline, la fille de Will Grant le barman - le seul commerçant blanc à encore m'adresser la parole - s'était joint aux premiers étudiants. Elle donnait aussi des cours pour les plus jeunes.
L'école possédait déjà une formation : The Black Panthers. Deux chanteuses : Caroline et Jeena. Malcom à la batterie et percussion, Bobby à la guitare électrique, David à la basse, Tommy au clavier et Huey au sax alto. Chaque jour ils venaient répéter. Ils apprenaient vite, mais il leur restait beaucoup de chemin avant de pouvoir se produire devant un public. Cependant, je m'étais engagé à faire d'eux de véritables musiciens avant le prochain radio-crochet, qui aurait lieu au printemps prochain. Cela faisait seulement quelques mois pour tenir ma promesse

Un matin de répétition, Huey arriva en retard essoufflé. Il semblait exalté. Ses yeux étaient écarquillés, et ses bras s'agitaient dans tous les sens. Dans un flot de paroles ils essaya de nous expliquer, que cette nuit il avait été visité par Charlie Parker. Il avait reçu la bénédiction de The Bird, le roi du saxo. Maintenant, il était inspiré. Ils nous raconta son rêve.

Star Eyes - Charlie Parker (plage 3 - 3'38'')

Il nous décrivit la scène de la naissance de Charlie à Kansas City en 1920. Puis, il nous parla de son départ de l'école à 14 ans pour devenir musicien. Il nous raconta les premiers essais de Charlie sur scène et les cuisants échecs qu'il avait subi à ce stade de sa carrière. Il nous affirma que Charlie adulte était arrivé près de lui, alors que le Charlie adolescent descendait de scène la tête basse, et qu'il lui avait pour la première fois donné ses enseignements :

"Tu vois, petit", lui avait-il dit, "j'étais comme toi ; je croyais que seule compte l'innovation et le feeling. Je me trompais. Mes idées et mes sentiments allaient plus vite que mes doigts. Cela ne permettait pas à mon saxophone de vivre et vibrer. Après ces humiliations je me suis réellement mis à travailler le saxe. Il faut travailler dur. S'entraîner chaque jour. Ne vivre que pour et par le saxe et connaître tous les classiques. Ne crois pas que seule la volonté de tout rénover fera de toi un musicien accompli. La méconnaissance des musicien du passé sera un handicap. La musique c'est comme un arbre, il faut des racines pour qu'elle puisse vivre et grandir".

Puis il s'était retiré calmement. Huey était rester devant la scène vide. La suite du rêve devenait confuse pendant un certain temps. La scène avait semblé être aspiré vers l'arrière. Elle s'était déformée puis avait disparu. Tout était noir. Cela resta noir pendant ce qui lui sembla une éternité, puis un point lumineux l'avait attiré. Il s'était dirigé vers lui. Il s'aperçut qu'il entrait finalement dans un gigantesque pièce. Il y avait là plusieurs scène sur lesquelles jouaient des groupes de jazz. Il en résulatait une véritable cacophonie. Dans chaque groupe il y avait un Charlie Parker. Un autre Charlie Parker habillé comme un gardien de musée avec une casquette s'approcha de lui et lui dit en hurlant pour couvrir les musiciens :

"Et bien petit, tu en as mis du temps !" Et montrant du doigt la première scène, il ajouta plus calmement, car tous les autres groupes s'étaient arrêté de jouer : "nous sommes déjà en 1937, et je joue avec le Jay McShann's Orchestra. Comme tout le monde à l'époque je fais du swing. Mais déjà, je sens qu'il faut que le jazz évolue".

Il le tira par la manche sans ménagement, lui montrant la seconde scène : "là c'est New-York. Le Minton Playhouse. Un cabaret où j'ai souvent joué avec Dizzy Gillespie et d'autre musicien comme Lester Young. C'est à New-York que j'ai rencontré pour la seconde fois Miles Davis. Je suis devenu son premier... mentor. A l'époque, il n'était qu'un jeune musicien plein de promesses. Tu peux le devenir. J'ai pris de sacrées cuites à cette époque... mais surtout je me suis défoncé à l'héroïne".

Il le tira encore une fois par la manche pour l'emmener derrière la scène. Là, on y voyait une ruelle sombre de New-York, dans laquelle traînait un Charlie Parker habillé comme un clodo, trop défoncé pour pouvoir jouer. "Cela m'est arrivé souvent... la véritable déchéance. J'était addict à l'héroïne depuis mon adolescence. Beaucoup de jeune musicien qui m'ont adulé et qui ont cru que mon talent venait de la drogue. Quelle connerie ! La drogue tue les neurones avant de te tuer complètement. A cause d'elle, et de mes autres excès, je suis mort à 34 ans en 1955. Mais passons à autre chose..."

My Old Flame (plage 4 - 3'28'')

Il l'emmena une fois de plus vers une autre scène, puis encore une autre, et une autre... en bref, tous les groupe dans lesquels The Bird avait joué : celui de Nobble Sissle en 1942, celui de Earl Hines en 1943 et 1944 et lui de Billy Eckstine en 1944 dans lesquels il joua avec Dizzy Gillespie. Fièrement le Charlie Parker - Gardien de musée avoua : " "Dizz and Bird" devint certainement le duo jazz le plus connu de l'époque : une trompette et un saxo de rêve ! Nous jouâmes aussi sur la côte ouest des States. Mes problème de drogue me firent échanger mon billet d'avion pour New-York contre une dose. Dizzy, lui reparti pour The Big Apple, tandis que moi je restais là. Je fis même une attaque. Je passais 6 mois au Camarillo State Hospital. De retour à New-York en 1947, je créais ma propre formation avec Miles Davis à la trompette, Duke Jordan au piano, Tommy Potter à la contre-basse et Max Roach à la batterie".

Il continua alors que les scènes commençait à disparaître : "avec Dizzy Gillespie et Bud Powell ont fut considérés comme les inventeur du bebop. Un jazz plus rythmique que le swing que les musiciens blancs avaient accaparé et dénaturé pour en faire de la variété. Moi je voulais comme tant de musiciens afro-américain redonner vie au jazz, lui redonner son âme noir".

Lorsque les scènes eurent disparue, il ne restait plus que Charlie Parker en livret et casquette et moi dans un décors à nouveau noir. Charlie se débarrassa de son uniforme calmement avant de reprendre la parole tristement. "Dès 1951, ce fut le début de la fin. On me refusa ma licence de musicien à New-York à cause de mes problème de drogue. Je ne pouvais plus jouer dans les cabaret de la 52ème rue. En 1952, je fis deux tentatives de suicide. Je continuais malgré tout à jouer parfois avec Dizzy et à enregistrer des disques. Mais ma vie s'étiolait peu à peu. Bon, il est temps que je parte... bonne chance, petit.... ah, j'ai un cadeau pour toi". Un saxophone ténor rutilant apparu dans sa main. Il jetait des éclairs de lumière dans l'atmosphère enténébrée de mon rêve. Il lui tendit en ajoutant : "fais-en bonne usage, petit". Puis il se transforma en oiseau et s'envola. A sa place apparu un tombe sur laquelle il était marqué : "Charlie Parker, 1920-1955, âme déchirée, génialissime saxophoniste, inventeur du bebop".

Huey s'était alors réveillé, pour s'apercevoir qu'il était en retard. Il avait couru jusqu'ici. Il se croyait le successeur de Charlie Parker, comme tant de saxophonistes avait cru l'être avant de déchanter ou de sombrer. Il croyait avoir la science du saxe-infuse. Je ne sais pas si cette science doit infuser longtemps car Huey ne semblait pas plus performant hier qu'aujourd'hui... mis à part l'enthousiasme peut-être !

Ecouter un extrait (320 Ko)