Spike Lee est un personnage qu'on
aime bien, tout autant pour son engagement politique que pour sa technique
de réalisateur, ébouriffante quand il s'attache à
un sujet qu'il maîtrise : la cause des noirs ou le polar. Que
ceux qui ne voient en Spike Lee qu'un cinéaste engagé
qui sert au mieux sa condition regardent le film "Summer of Sam",
assez éloigné finalement de son univers habituel...
Ils seront étonné de voir à quel point il sait
rendre des atmosphères, choisir des plans particulièrement
malins...
Né le 20 mars 1957 dans
la Géorgie raciste, dans la ville d'Atlanta, il vit dans une
famille relativement aisée parmi les africains-américains
de la ville, son père étant un musicien de Jazz reconnu.
à l'orée des années 80, il rejoint le quartier
de Brooklyn, NY, en plein début de la vague électro
et Hip-hop, pour étudier le cinéma dans la prestigieuse
Tish University School of Art. Il en sort en 1985, major de sa promo,
ce qui a du en faire enrager plus d'un à l'époque.
En 1986, il créé
sa propre boîte de production, au nom évocateur de "40
acres and a mule". Pourquoi évocateur ? Parce que c'est
le "bien" qu'on a donné aux esclaves quand les américains
les ont affranchis ! Un choix très politique qui annonçait
la couleur. Avec cet outil, Spike va pourtant faire un premier film
pas très militant, très inspiré de ce qu'on appelle
la "comédie New Yorkaise" : "She's gotta have
it" traduit n'importe comment en français par : "Peggie
Sue n'en fait qu'à sa tête" Un film qui obtiendra
la caméra d'or à Cannes en cette même année
86.
Cependant, c'est en 1989 que la
carrière de Spike Lee prend vraiment toute sa dimension, ainsi
qu'une vraie prise de position politique. Son film, Do the right thing,
est une des premières pierres posé par le cinéma
africain-américain en matière de cinéma conscient.
Violent, clinique et combatif, le cinéma de Lee prend là
une dimension que n'avait absolument pas la blaxploitation. Il continuera
l'essai en 1991 avec "Jungle Fever", et son générique
d'une violence sourde et irrespirable, agrémenté d'une
musique Hip-Hop qu'il a toujours aimé et défendue, comme
lorsqu'il réalise des clips pour Arrested Development, Public
Ennemy (Fight the Power), Guru... Il ne reniera pas non plus le Jazz
et la Soul, puisqu'il réalisera des clips pour Miles Davis,
Stevie Wonder ou Chaka Khan.
En 1992, Spike Lee réalise
l'oeuvre de sa vie, celle qui lui tenait le plus à coeur en
tout cas, la vie de Malcolm X. Une biographie réalisé
avec passion et dévouement pour une cause, les black panthers,
qu'il était sans doute le seul à ne pas pouvoir galvauder
dans le giron hollywoodien.
Le reste de sa filmographie est
à l'aulne de ce que nous venons de voir. Même si son
inspiration s'est semblé un peu tarie après l'oeuvre
magistrale entreprise sur Malcolm X, Un film de Spike Lee est toujours
un film attendu... Certes, Girl 6 ou He got the game n'était
pas des majeurs, mais que dire de Summer of Sam ou de Bamboozled ?
Que le talent est de retour ? Alors attendons la suite !