Lalo Schiffrin est une espèce
à part dans le paysage musical mondial. Pas seulement parce
qu'il a traversé les modes et les époques en ayant toujours
un parterre de fans, mais aussi parce que dans une certaine mesure,
il représente au mieux une certaine idée de la musique
construite autour des cross-overs et l'ouverture mince entre la musique
dite "savante" et la musique populaire. Il est surtout quelqu'un
que le Hip Hop a su utiliser.
Né le 21 juin 1932 à
Buenos Aires, en Argentine, Lalo n'est pas tout de suite imbibé
de Jazz, mais s'interesse plutôt à la musique contemporaine,
une marque de fabrique qui se retrouvera dans toute sa carrière
et toutes ses compositions, même les plus populaires. Après
de brillantes études de piano dans la capitale argentine, il
rejoint Paris, où il étudie la composition et le piano
au conservatoire, sous la férule de Charles Koechlin, compositeur
virtuose, qui dès les années 30 avait su mélanger
musique contemporaine et musique populaire (communiste, il fut l'auteur
de plusieurs chants glorifiants les héros de la guerre d'Espagne).
C'est à Paris qu'il rencontre
le Jazz. Le Week-end, on le retrouve dans les clubs, où il
joue du piano avec les artistes Jazz de l'époque "Hot".
Il est vite repéré pour sa virtuosité et son
ouverture d'esprit. Après un retour en Argentine où
il monte un big-band, il se retrouve à New York, temple du
Jazz, et joue pour les plus grands : Sarah Vaughan, Basie, Ella Fitzgerald,
Gillespie... C'est avec ce dernier qu'il jouera le plus, puisqu'il
rejoint son quintet en 1958.
En 1962, il enregistre son premier
album en leader, "New Brazilian Jazz", avec notamment Art
Davis à la basse. Les années 60 vont être les
grands succès de Schiffrin. Souvent considéré
comme un compositeur au mètre, sous-estimé comme beaucoup
de compositeur de musique de film, Schiffrin commence cette activité
en 1963. On lui doit des musiques célèbres, comme Mission
Impossible, Bullit, Enter The Dragon, Dirty Harry, The Fox (la musique
des bas Dim) ou Mannix... En tout plus de 100 compositions riches
et brillantes, savantes et accessibles. Un travail qu'il l'occupera
quasiment à temps plein jusque dans les années 80.
Parallèlement, il continuera
un travail plus méconnu dans la musique savante : Cantos Aztecas,
Piano Concerto Number two sont autant de compositions contemporaines
qu'il écrira durant sa carrière.
Durant les années 90, il
s'attelera, avec Paquito D'rivera à une relecture "Jazz"
des oeuvres symphoniques... Les cinq volumes de ses "Jazz meet
Symphony" reste sa dernière oeuvre à l'heure actuelle.