François Hadji-Lazaro

François Hadji-Lazaro est plus une gueule qu'un nom, cette masse de plus de 130 kilos qui se démène sur scène et touche à tous les instruments. François, c'est aussi Boucherie Productions, véritable aventure du disque en France ; label indépendant à l'époque où se n'était pas galvaudé, Boucherie s'est battu pour la reconnaissance de la "Nouvelle Scène française", l'éclosion des nouveaux groupes, la survie du Rock alternatif, mais aussi l'ouverture vers de nouveaux styles musicaux. Une posture difficile à tenir, mais que le patron du label a su tenir jusqu'au bout avec intransigeance.

On ne sait pas grand chose de la jeunesse de François, sinon qu'il est né en 1956 dans le quatorzième arrondissement de Paris, dans une famille populaire de la capitale. Elevé à la chanson française, initié au rock, les deux courants allaient devenir racines… Juste le temps d'un passage express dans L'Education Nationale comme instituteur.

Eclos dans les bars au crépuscule des années 70, le premier groupe d'Hadji-Lazaro est à l'époque un duo folk-rock avec Daniel Hannion. Dans les années 80, la vague alternative, les hoquets du Punk vont lui donner une scène. C'est surtout avec l'arrivée d'un courant qu'on pourra nommer Redskins qu'il connaît la célébrité. Véritable représentant de cette scène, il sort son premier album de Pigalle en 1986. Et multiplie les groupes : en 1987, c'est le premier album des Garçons Bouchers, au Punk-Rock très dur, où il ne chante pas en leader mais multiplie les instruments. La même année, il renoue avec le Folk en rejoignant Los Carayos, un groupe qui compte en son sein les Frères Chao (de la Mano Negra). Pour produire tous ces groupes, François crée Boucherie, son propre label.

Plusieurs albums des Garçons Bouchers plus tard, en 1990, François Hadji-Lazaro relance Pigalle et sort son deuxième album, plus mûr, plus abouti. C'est le grand succès de Pigalle, surtout grâce au "tube" : "Dans la salle du bar-tabac de la rue des martyrs". Multipliant les festivals, y compris à l'étranger, et surfant sur cette reconnaissance (enfin !) de la scène alternative, Pigalle enregistre un live (Pigallive). Pendant ce temps, Boucherie Productions multiplie les réussites : ils produisent le premier album de la Mano Negra, découvrent des groupes comme Stellla…

En 1993, le nouvel album de Pigalle "Rire et Pleurer" mélange Rock, Folk, et chanson française traditionnelle. Pigalle est en tournée dans toute l'Europe. Boucherie Productions est au faîte de sa gloire, et multiplie les découvertes (Paris Combo, les Elles, La Raya Magoo…). En 1995, François joue un cyclope dans "La cité des Enfants Perdus" de Jeunet & Caro. En 1996, il enregistre "François Détexte Topor", un hommage à Roland Topor. En 1997, il publie le dernier album en date de Pigalle, "Alors ?" Un album replié sur lui-même où il joue à lui seul une dizaine d'instruments. Parmi eux : La Guitare, le violon, le saxo, le violoncelle, l'accordéon, le dulcimer, la vielle à roue… Depuis la fin de l'aventure Boucherie, on n'est sans nouvelle de François Hadji-Lazaro. Et on a hâte d'en avoir.

Il fallait que nous en ayons : François a signé chez Island (Universal, snirfl...) un superbe album solo intitulé "Et si que...", dans la lignée du dernier album de Pigalle : un album abouti aux textes superbes... à suivre !