Rendez vous chez les dindes

 

Ce soir, je m'énerverai encore une fois contre les dindes qui constellent notre paysage cinématographique rouennais qui n'est pourtant pas vraiment florissant. Durant l'émission Habillé pour l'hiver, nous avons parlé du film "Bridget Jones", et le plus énervant concernant ce film, cela reste l'obligation que nous avons de le voir en Version Française, alors que la critique en aurait pu être totalement différente s'il avait été en VO. Du moins, si l'on a des vœux pieux, c'était à ce moment qu'il fallait les formuler.

Mais là n'est pas la question, je me suis déjà suffisamment énervé contre les programmations aléatoires de notre cinéma pour ne pas en rajouter. Cependant, je ne pourrai pas taire ce qui m'est arrivé dans un des deux multiplexes de l'agglomération rouennaise ce week-end, à la séance de 18 heures, le jour où Michel Drucker occupe l'après-midi de la deuxième chaîne. Oui, un des deux multiplexes, pas celui qui est tout près d'une usine qui ressemble à une de ses sœurs toulousaines à qui il est arrivé un sort récemment, mais celle qui se trouve tout près de la Seine et qui a pour emblème un animal pachydermique buvant un soda à la paille, le frère jumeau sans doute, en des couleurs plus académiques, de celui qui lave les voitures pour quelques pièces.

Donc dans cette belle salle de la rive gauche rouennaise, j'ai rencontré une dinde de premier ordre, de celles qui me ferait presque regretter celles que j'avais eu l'heur de rencontrer lors du dernier film commercial que j'avais été voir, Moulin rouge. Une dinde accompagné de ses enfants nécessairement bruyants, et qui m'aurait gâché le film s'il y avait eu quelque chose à gâcher. Le film n'était pas terrible, mais à toi seule, petite dinde, tu as réussi à le rendre totalement imbuvable.

Certes, le film était bruyant. L'ingénieur du son avait du décéder d'une tumeur au cerveau durant les dernières heures de son montage. La scène de bagarre remettant en selle une ex-Spice Girl avait dû être bâclée par la maladie tant la montée de la gueuleuse professionnelle tombait comme un cheveux sur la soupe. Pourtant, avais tu besoins de besoin de nous gâcher la projection à ce point là ? Oui, c'est en tous cas la réponse qui t'es venu en premier.

Depuis ma première diatribe contre les dindes et les dindons qui pourrissent les séances de ceux venus (j'ai encore le fol espoir d'y mettre un S…) pour l'amour du cinéma, il m'est venu plusieurs témoignages, notamment celui me contant l'histoire d'une de tes congénères à la sortie de Titanic, qu'une de mes miennes amies avait entendue dire "C'est pas mal comme film, dommage que le bateau coule à la fin…" et autres petites blagues de ce genre…

Mais toi, je dois dire que tu as battu tous les records possibles de ce genre de concours, car tu avais ton portable, arme générique terrible de tous les terroristes des salles obscures. J'avais déjà du subir ce genre d'agression, mais jamais encore j'avais eu à le subir comme tu me l'avais fait. Bien sur, j'avais eu déjà l'importun qui se permet de ternir l'œuvre de Soderbergh dans Erin Brokovitch d'une sonnerie intempestive, mais lui avait eu la présence d'esprit de se confondre en un ton de contrition sans équivoque et de raccrocher sans attendre. Toi, tu as continué à parler. Et tu as parlé, parlé, sans t'arrêter pendant au moins 3 ou 4 minutes qui ont semblé une heure, voire trois heures, tant je n'ai pas l'habitude. Peut être te disais tu que l'on ne t'entendrais pas, vu le bruit inepte que produisais le film ? Je t'offre le bénéfice du doute ! Preuve que je ne suis pas si méchant… Cependant, je me pose une question, car je m'inquiète pour toi… Te rends tu comptes à force de regarder des DVD ou des VHS dans ton petit salon cosy, que tu ne t'aperçois même plus qu'éventuellement, quand tu as des gens dans une salle de cinéma, tu n'es pas chez toi, et que tes conversations ineptes à propos de ta mère, de ton mec, de la situation politique ou de tes varices, personne n'en a vraiment rien à branler…
Il serait temps que tu t'en aperçoives…