Les dindes au cinoche

 

Ce soir, dans la coprophagie de la semaine, nous nous pencherons sur les dindes… Non, je ne parlerai pas de ces charmants volatiles que l'on fourre avec des oignons dans les contrées d'Amérique du Nord pour fêter le massacre des indiens, non, il ne s'agira pas de parler de Thanks Giving, mais d'un autre type de dindes, moins plumées, mais dont les cris perçants sont tout aussi agaçant que la volaille qui se laisse bouffer les cuisses, farcies de marrons, avant que le père Noël ne passe, avec son cortège de poupée et de lance-roquette en plastoc. Oui chers auditeurs, la dinde dont nous auront l'heur de parler aujourd'hui se trouve dans un lieu qui nous est cher, voire même très cher depuis que les clubs ont fermé leur portes : les salles obscures. Oui, la dinde pré pubère, pas encore farcie, ou alors maladroitement, fugacement, frénétiquement sur le hayon fatigué d'une golf poussiéreuse, qui vient pour vous gâcher le film que vous avez payé 40 balles dans une salle miteuse de centre ville, en gloussant et dindonnant dans vos oreilles cinéphiles, en se bâfrant de mauvais pop-corn bruyamment, en commentant le film par des tirades de tragédiennes du style " Il a un beau cul, mais je préfère Brad Pitt " ou " Cindy, avant, elle était amoureuse de Sami Naceri, mais maintenant, elle préfère Di Caprio ". Oui, la dinde trop bête pour prendre compte de sa propre vacuité, la dinde et son compère le dindon, qui n'a rien à envier à son modèle féminin, dans son survêtement blanc poussiéreux d'une marque italienne décrépie, et au col grisâtre des utilisateurs forcené de produits fixateurs pour les cheveux, qui ont le double effet de produire des pellicules en quantité industrielle et de rendre la peau aussi granuleuse qu'une barre de Balisto.

Dindes et dindons, vous m'avez gâché ma séance et je confesse ici sur les ondes que des envies de meurtres m'ont traversé l'esprit, de meurtres lents, sadiques, ce genre de meurtre où l'on énuclée avec une sage attention, où l'on lacère avec une méticulosité quasi précieuse. Non que le film était fantastique, il s'agissait de Moulin Rouge, un mercredi après midi… Fou qu'il est pensez vous, d'aller dans les salles obscures quand les puceaux sont de sortie, et je vous vois déjà imaginer la bande d'onanistes laborieux se rincer les mirettes devant les longues jambes de Nicole Kidman… Détrompez vous, nous n'étions que 20 dans la salle, la séance étant en VO… Mais le public présent, ces dindes donc, faisaient du bruit pour tout un troupeau de première S en goguette, entre une virée au Quick et un match de Volley Ball. Je suis dur cependant. Peut être dans le tas se trouvait des cinéphiles titillées par la VO. Peut être n'était ce pas ceux là qui sont les pires. Mais ce sont eux qui prennent pour tous les autres, pour ce papier d'esquimau froissé durant un film de Kubrick, de ces chips broyées par une bouche indélicate pendant la moitié de Seven, dans un cinéma vendéen, pour ce cri de répulsion pendant le baiser langoureux entre Mina Harker et le prince Vlad se mourrant dans le Dracula de Coppola, pour ce " Ben qu'est ce qu'il a ? " éructé pendant l'avant première de la Chambre des officiers, en découvrant le visage d'Adrien, pour les rires gras d'une bande de soiffards petit bourgeois en mal de " Zut à papa " qui nous ont fait rater Austin Powers. Pour tous ceux qui en général prennent le cinéma pour un salon qu'on aurait la désagréable surprise de loué surbooké à 50 balles.
Vous savez quoi ? Je vais finir par y venir au DVD…