Zappa
in new York plage 2 disc 1 "Cruisin' for Burgers" (9'12)
Nous
commencions à réagir au départ précipité
de Suzy vers les chiottes de la petite aire autoroutière lorsqu'un
gros homme accompagné de deux barbouzes au costume clair, ce
genres de costumes qui parlent plus qu'aucune cartes de visites. Habillé
avec, on fait vite petite frappe. Et les deux spécimens qui
se dirigeaient vers l'entrée du petit bar étaient particulièrement
patibulaires.
Le regard de Roy croisa le mien. J'avais cru comprendre depuis la
moitié du voyage que mon copilote avait quelques attentions
envers la demoiselle qui nous avait faussé compagnie, et je
le savais prêt à tout dans ce genre de situations. Seul
problème, on ne savait qui était ces mecs, ni s'ils
étaient véritablement dangereux. Des putains de mafieux
dans des Buick qui se promènent sur les routes principales
américaines, ça a tendance à être monnaie
courante. Alors comment Suzy avait elle pu avoir peur d'une voiture
? On était trop loin pour pouvoir lire distinctement la plaque
minéralogique. La gencive de Roy se serrait à mesure
que le groupe de méchants d'opérettes se rapprochait.
- Fais pas le con Roy, et laisse les venir. On ne sait même
pas qui sait. Faut attendre et voir. Rappelle-toi ce qu'on nous a
appris. Laisser venir l'ennemi, Croyais-je bon d'ajouter.
- Je sais, mais ils ne faut pas qu'il avancent de trop. J'attends
qu'ils s'assoient, et je vais rejoindre Suzy.
- Il vaut mieux que ce soient moi qui y ailles. Toi, tu restes là,
et tu les surveilles sans trop avoir l'air. Si il n' y a pas de grabuge,
on repart. Sinon, j'attend avec elle, et je les prend à revers,
lui soufflai-je.
Roy acquiesça, et je lui fit un petit clin d'œil, tout
en vérifiant que j'avais toujours l'Indien dans ma poche. L'indien.
Quand on a les cheveux longs, et qu'on a une gueule d'apache, au sens
propre comme au figuré, bien que je sois Comanche, mieux vaut
être lesté, et pour être lesté, il l'était.
Deux petites bagues de cobalt et de plomb pesait sur l'arrière
de la garde, et remontait jusqu'au bout du manche. La lame, elle,
s'ouvrait avec un mécanisme rapide, et dépassait largement
le poing ; il m'avait sauvé la vie dans beaucoup de mauvais
coup, et je tenais à l'en remercier, en briquant consciencieusement
la lame dès que l'occasion s'en présentait. Roy disait
que c'était la prolongation de la main… Et j'avoue que
cette vanne n'était pas innocente. L'indien n'avait d'indien
que le nom, c'était une sorte de blague qui courrai sur mon
compte et le sien dans le groupe, où le matin avec Roy, lorsque
je le sortait pour casser la croûte. Mais il faut se méfier
de l'eau qui dort. Il pouvait servir aussi dans les embrouilles inhérentes
à la vie sur la route, on ne peut jamais trop faire confiance
aux jockey Slut racistes, et aux petites frappes qui mettaient le
Sudisme en pratique avec un siècle de retard.
Les barbouzes et le poussah qu'ils encadraient entrèrent lentement
dans le café. Le gros bonhomme du milieu tirait nerveusement
sur une cigarette, et ordonna d'un geste de tête aux deux hommes
engoncés dans leur costume vulgaire de s'asseoir à la
table la plus éloigné de nous, de façon à
ce que nous puissions les voir de face, ou du moins je pense que c'est
ce que les yeux méfiants de Roy venait rapidement d'analyser.
Le bon point, c'était qu'ils faisaient ainsi dos aux WC où
étaient réfugié la petite Suzy.
Yes
Yes Story Plage 2 disc 1 " No opportunity… " (4'48)
J'avalais
d'un trait le café tiède. Comme dans un mauvais film,
je jetais un regard intense à mon pote, m'essuyais rapidement
la bouche, et me dirigeais vers la porte des toilettes en rajustant
ma chemise. Coup d'œil en coin vers les deux dobermans. Sous
leurs airs pas commodes, je m'aperçois qu'on a à faire
à du calibre. Quelques années dans les marines m'on
appris à distinguer le pli suspect d'un costume étriqué
lorsqu'un holster le cintre. Le chef, au visage renflé et rougeaud
me fit un signe de tête. Je lui rendit, avec un air goguenard
que je ne sus sans doute pas distinguer.
Plusieurs années de contacts avec Roy, qui était toujours
méfiant, m'avait appris à avoir des réflexes
de surveillance. On sait toujours lorsqu'un homme vous regarde derrière
vous. Et comme je ne sentais pas cette présence magnétique,
je rentrais sans hésiter dans la pièce dont la porte
mentionnait Dolls, les chiottes des filles.
Entre les deux lavabos, le spectacle n'était pas très
joli à voir. La petite était prostrée pleurait
dans une sorte de désagrégation silencieuse. Elle était
horrifiée. Je lui tendais la main, fraternelle, et la serrai
dans mes bras. On sentait son cœur battre à tout rompre,
et franchement, la seule chose que j'avais dans la tête, c'était
de me sortir de ce merdier, et comme je n'avais jamais vraiment eu
l'art et la manière de dire les choses qu'il fallait au bon
moment, je lui intimai de rester tranquille, tirai la chasse d'eau
qui fit un bruit de ballon qui se déchire, ouvris le robinet
d'eau froide, et entrouvris la porte. Dans la salle, la serveuse revêche
était au chevet de notre bande de truands de truands. Je voyais
Roy qui bouillait intérieurement, mais j'étais suffisamment
bien en planque pour qu'il n'aie pas l'idée de me voir. Le
gros porc de la table tendit cinq billets à la serveuse qui
repartit.
- C'est Squillacci ! me glissa Suzy, c'est le mec que j'ai planté
à New York. Je suis sur qu'il me cherche. Il a mit un contrat
sur moi, c'est sur ! L'autre jour, quand le type a essayé de
me violer, ça devait être un des siens…
- Si c'est ça, on est pas sorti… marmonnais-je
A ce moment, l'un des deux barbouze se leva, et se dirigea vers Roy.
Une peur blanche m'étreignit les épaules, et en un geste
réflexe, je sortis l'indien de ma poche. D'un regard circulaire,
j'observais la configuration de la pièce. Un pas pour exploser
la porte deux pour me mettre dans l'axe. Si le balèze s'en
prenait à Roy, je lui explosais la moelle épinière
avec la lame. Et je savais dans l'œil de Roy que son Beretta
n'était pas loin.
Zappa
Weasels ripped my Flesh " My guitar wants to kill your mama "
(3'32)
Le type s'assit en face de Roy, et lui tournait le dos. Il resta quelques
secondes, et je vis que Roy avait le dessus, car il avait repris son
petit sourire goguenard, et ses deux grosses mains de bassiste s'étaient
jointes sur la table. Il écoutait attentivement ce que le gars
avait l'air de lui dire. Je le vis parler avec un débit visiblement
nerveux, puis faire signala par un geste équivoque qu'il était
temps pour le type de penser à se barrer. J'ouvris la porte
doucement, et revins naturellement vers mon siège, où
était assis le gros merdeux.
- Monsieur ?
Le type semblait ne pas avoir entendu que je venais de lui parler,
comme il n'était pas d'ailleurs tout à fait clair pour
lui que sa présence n'étaient pas souhaitée
- Ce type t'importune, Roy ?
- Il me demande si nous n'aurions pas vu une pute. Je lui ai dit que
je n'aimais pas trop ce mot là. T'as vu une pute, toi, Jimmy
?
- Faites les malins, dit le gros con avec une voix soufflée.
Faites les malins… On l'a vu partir avec un camion. ça
pourrait bien être vous.
Un accent italien s'éleva. Squillaci.
- Viens ici Franck. Ces messieurs disent qu'ils n'ont rien vu. Partons.
Il adjoint aussitôt le geste à la parole.
Le gros Frankie se leva. Et se dirigea vers la porte, pour rejoindre
son troupeau.
Ils n'eurent pas franchi le pas de la porte que je ne pu m'empêcher
d'ajouter…
- Surtout que je n'ai pas l'honneur de connaître la mère
de ce monsieur avant d'éclater de rire, plus nerveux que content
de moi.