Le Duc des Prunes... Episode 4

 

Zappa in new York plage 2 disc 1 "Cruisin' for Burgers" (9'12)

Nous commencions à réagir au départ précipité de Suzy vers les chiottes de la petite aire autoroutière lorsqu'un gros homme accompagné de deux barbouzes au costume clair, ce genres de costumes qui parlent plus qu'aucune cartes de visites. Habillé avec, on fait vite petite frappe. Et les deux spécimens qui se dirigeaient vers l'entrée du petit bar étaient particulièrement patibulaires.
Le regard de Roy croisa le mien. J'avais cru comprendre depuis la moitié du voyage que mon copilote avait quelques attentions envers la demoiselle qui nous avait faussé compagnie, et je le savais prêt à tout dans ce genre de situations. Seul problème, on ne savait qui était ces mecs, ni s'ils étaient véritablement dangereux. Des putains de mafieux dans des Buick qui se promènent sur les routes principales américaines, ça a tendance à être monnaie courante. Alors comment Suzy avait elle pu avoir peur d'une voiture ? On était trop loin pour pouvoir lire distinctement la plaque minéralogique. La gencive de Roy se serrait à mesure que le groupe de méchants d'opérettes se rapprochait.
- Fais pas le con Roy, et laisse les venir. On ne sait même pas qui sait. Faut attendre et voir. Rappelle-toi ce qu'on nous a appris. Laisser venir l'ennemi, Croyais-je bon d'ajouter.
- Je sais, mais ils ne faut pas qu'il avancent de trop. J'attends qu'ils s'assoient, et je vais rejoindre Suzy.
- Il vaut mieux que ce soient moi qui y ailles. Toi, tu restes là, et tu les surveilles sans trop avoir l'air. Si il n' y a pas de grabuge, on repart. Sinon, j'attend avec elle, et je les prend à revers, lui soufflai-je.
Roy acquiesça, et je lui fit un petit clin d'œil, tout en vérifiant que j'avais toujours l'Indien dans ma poche. L'indien. Quand on a les cheveux longs, et qu'on a une gueule d'apache, au sens propre comme au figuré, bien que je sois Comanche, mieux vaut être lesté, et pour être lesté, il l'était. Deux petites bagues de cobalt et de plomb pesait sur l'arrière de la garde, et remontait jusqu'au bout du manche. La lame, elle, s'ouvrait avec un mécanisme rapide, et dépassait largement le poing ; il m'avait sauvé la vie dans beaucoup de mauvais coup, et je tenais à l'en remercier, en briquant consciencieusement la lame dès que l'occasion s'en présentait. Roy disait que c'était la prolongation de la main… Et j'avoue que cette vanne n'était pas innocente. L'indien n'avait d'indien que le nom, c'était une sorte de blague qui courrai sur mon compte et le sien dans le groupe, où le matin avec Roy, lorsque je le sortait pour casser la croûte. Mais il faut se méfier de l'eau qui dort. Il pouvait servir aussi dans les embrouilles inhérentes à la vie sur la route, on ne peut jamais trop faire confiance aux jockey Slut racistes, et aux petites frappes qui mettaient le Sudisme en pratique avec un siècle de retard.
Les barbouzes et le poussah qu'ils encadraient entrèrent lentement dans le café. Le gros bonhomme du milieu tirait nerveusement sur une cigarette, et ordonna d'un geste de tête aux deux hommes engoncés dans leur costume vulgaire de s'asseoir à la table la plus éloigné de nous, de façon à ce que nous puissions les voir de face, ou du moins je pense que c'est ce que les yeux méfiants de Roy venait rapidement d'analyser. Le bon point, c'était qu'ils faisaient ainsi dos aux WC où étaient réfugié la petite Suzy.

Yes Yes Story Plage 2 disc 1 " No opportunity… " (4'48)

J'avalais d'un trait le café tiède. Comme dans un mauvais film, je jetais un regard intense à mon pote, m'essuyais rapidement la bouche, et me dirigeais vers la porte des toilettes en rajustant ma chemise. Coup d'œil en coin vers les deux dobermans. Sous leurs airs pas commodes, je m'aperçois qu'on a à faire à du calibre. Quelques années dans les marines m'on appris à distinguer le pli suspect d'un costume étriqué lorsqu'un holster le cintre. Le chef, au visage renflé et rougeaud me fit un signe de tête. Je lui rendit, avec un air goguenard que je ne sus sans doute pas distinguer.
Plusieurs années de contacts avec Roy, qui était toujours méfiant, m'avait appris à avoir des réflexes de surveillance. On sait toujours lorsqu'un homme vous regarde derrière vous. Et comme je ne sentais pas cette présence magnétique, je rentrais sans hésiter dans la pièce dont la porte mentionnait Dolls, les chiottes des filles.
Entre les deux lavabos, le spectacle n'était pas très joli à voir. La petite était prostrée pleurait dans une sorte de désagrégation silencieuse. Elle était horrifiée. Je lui tendais la main, fraternelle, et la serrai dans mes bras. On sentait son cœur battre à tout rompre, et franchement, la seule chose que j'avais dans la tête, c'était de me sortir de ce merdier, et comme je n'avais jamais vraiment eu l'art et la manière de dire les choses qu'il fallait au bon moment, je lui intimai de rester tranquille, tirai la chasse d'eau qui fit un bruit de ballon qui se déchire, ouvris le robinet d'eau froide, et entrouvris la porte. Dans la salle, la serveuse revêche était au chevet de notre bande de truands de truands. Je voyais Roy qui bouillait intérieurement, mais j'étais suffisamment bien en planque pour qu'il n'aie pas l'idée de me voir. Le gros porc de la table tendit cinq billets à la serveuse qui repartit.
- C'est Squillacci ! me glissa Suzy, c'est le mec que j'ai planté à New York. Je suis sur qu'il me cherche. Il a mit un contrat sur moi, c'est sur ! L'autre jour, quand le type a essayé de me violer, ça devait être un des siens…
- Si c'est ça, on est pas sorti… marmonnais-je
A ce moment, l'un des deux barbouze se leva, et se dirigea vers Roy. Une peur blanche m'étreignit les épaules, et en un geste réflexe, je sortis l'indien de ma poche. D'un regard circulaire, j'observais la configuration de la pièce. Un pas pour exploser la porte deux pour me mettre dans l'axe. Si le balèze s'en prenait à Roy, je lui explosais la moelle épinière avec la lame. Et je savais dans l'œil de Roy que son Beretta n'était pas loin.

Zappa Weasels ripped my Flesh " My guitar wants to kill your mama " (3'32)


Le type s'assit en face de Roy, et lui tournait le dos. Il resta quelques secondes, et je vis que Roy avait le dessus, car il avait repris son petit sourire goguenard, et ses deux grosses mains de bassiste s'étaient jointes sur la table. Il écoutait attentivement ce que le gars avait l'air de lui dire. Je le vis parler avec un débit visiblement nerveux, puis faire signala par un geste équivoque qu'il était temps pour le type de penser à se barrer. J'ouvris la porte doucement, et revins naturellement vers mon siège, où était assis le gros merdeux.
- Monsieur ?
Le type semblait ne pas avoir entendu que je venais de lui parler, comme il n'était pas d'ailleurs tout à fait clair pour lui que sa présence n'étaient pas souhaitée
- Ce type t'importune, Roy ?
- Il me demande si nous n'aurions pas vu une pute. Je lui ai dit que je n'aimais pas trop ce mot là. T'as vu une pute, toi, Jimmy ?
- Faites les malins, dit le gros con avec une voix soufflée. Faites les malins… On l'a vu partir avec un camion. ça pourrait bien être vous.
Un accent italien s'éleva. Squillaci.
- Viens ici Franck. Ces messieurs disent qu'ils n'ont rien vu. Partons. Il adjoint aussitôt le geste à la parole.
Le gros Frankie se leva. Et se dirigea vers la porte, pour rejoindre son troupeau.
Ils n'eurent pas franchi le pas de la porte que je ne pu m'empêcher d'ajouter…
- Surtout que je n'ai pas l'honneur de connaître la mère de ce monsieur avant d'éclater de rire, plus nerveux que content de moi.